Grèce : lancement de NERIT, la nouvelle télévision publique

Un an après la disparition de l’ERT, le gouvernement grec lance une nouvelle chaîne dans la précipitation.

L e 4 mai 2014, à 18 heures, heure locale, le logo « N » est apparu à l’écran – « N » de NERIT (Nouvelle Radio-Internet-Télévision grecque) –, immédiatement suivi par la diffusion d’un journal télévisé d’une heure et demie présenté par une journaliste qui, il y a moins d’un an, travaillait encore pour l’ERT, la chaîne publique brutalement fermée en juin 2013. Ses 2 600 employés avaient été remerciés (voir REM n°28, p.26).

Deux semaines avant des élections nationales et européennes, la Grèce dispose donc à nouveau d’une chaîne publique, dont le lancement était initialement prévu pour septembre 2013. Afin de se démarquer d’emblée de l’ancienne entreprise audiovisuelle publique, condamnée pour son clientélisme et sa gestion désastreuse, la nouvelle chaîne publique dispose d’une structure beaucoup plus modeste et revendique « pluralisme, fiabilité, humanité et respect de la culture et de l’histoire ».

Pour le parti d’opposition, NERIT n’est autre qu’une copie embellie de DT, un ersatz de la télévision publique qui remplaçait tant bien que mal depuis août 2013 l’ERT disparue. Dans un pays qui doit affronter les réformes imposées par la « Troïka » – Commission européenne, BCE, FMI –, l’opposition critique le lancement à la hâte, à la faveur d’une loi ad hoc, d’une nouvelle télévision qui fonctionne en fait avec la même équipe de 800 personnes que la précédente, soit d’anciens salariés d’ERT recrutés en CDD. Seize nouvelles émissions devaient pourtant être lancées dans les deux semaines suivant l’ouverture de l’antenne. Le recrutement des personnels est en cours. Rien n’assure qu’une partie des 800 salariés temporaires de l’ex-DT sera définitivement intégrée dans la nouvelle équipe de NERIT. Par souci de transparence, un appel d’offres a été lancé pour embaucher 650 personnes, selon une procédure d’évaluation complexe basée sur les diplômes et l’expérience professionnelle. Mais, déjà, la contestation monte :

« Les journalistes sont évalués sur la base d’un entretien qui laisse une grande place au népotisme et au clientélisme », explique l’un d’entre eux qui, pour cette raison, ne se portera pas candidat.

Au lendemain du lancement de NERIT, à la suite d’un désaccord avec le conseil de surveillance de la chaîne, son président et directeur démissionne. Dans une interview au journal Vima, il explique avoir voulu s’opposer à certaines irrégularités et conflits d’intérêt dans le processus de sélection des nouvelles émissions. Son remplaçant est nommé dans la soirée.

L’UER (Union européenne de radio-télévision) avait donné à la Grèce jusqu’au 10 mai 2014, date de la finale de l’Eurovision, pour lancer la nouvelle chaîne. « Il ne semblait pas y avoir de volonté politique réelle de relancer un audiovisuel public en Grèce, alors même qu’il s’agit d’une obligation légale en Europe », explique Ingrid Deltenre, présidente de l’UER. Selon le gouvernement grec, une deuxième chaîne, puis une troisième, ainsi que deux radios sont à venir.

Pendant ce temps, 500 anciens salariés de l’ERT, regroupés au sein du réseau ERTOpen, animent une quinzaine de stations de radio, baptisées ERA, réparties dans tout le pays, ainsi qu’un programme de télévision réalisé depuis un local de l’ex-ERT et diffusé sur l’internet.

Sources :

  • « Grèce : la télé publique renaît en NERIT », AFP, tv5.org, 4 mai 2014.
  • « Grèce : 24 h après le lancement de la nouvelle TV publique, son directeur remercié », AFP, tv5.org, 6 mai 2014.
  • « La télé grecque renaît de ses cendres », Adéa Guillot, Le Monde, 8 mai 2014.

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