Hollywood noue de nouvelles alliances et court après la rentabilité

Alors que les studios américains sont confrontés à une crise de financement (voir le n° 10-11 de La revue européenne des médias, printemps-été 2009), de nouvelles alliances sont conclues pour relancer la production et accroître la rentabilité des studios. Steven Spielberg retrouve les moyens de produire des films avec DreamWorks, grâce à de nouveaux soutiens bancaires et de nouveaux partenaires stratégiques, l’indien Reliance et le géant Disney. Ce dernier s’est par ailleurs emparé de l’éditeur de bandes dessinées Marvel pour exploiter ses personnages au cinéma.

Après plus d’un an, Steven Spielberg trouve les fonds pour produire les films de son nouveau studio

DreamWorks Studio, qui a retrouvé son indépendance vis-à-vis de Paramount (groupe Viacom) depuis octobre 2008 (voir le n° 9 de La revue européenne des médias, hiver 2008-2009), a annoncé, le 17 août 2009, être de nouveau en mesure de produire des films après avoir cherché, pendant près d’un an, les fonds nécessaires à la reprise de son activité de production de films. Plusieurs banques ont en effet accepté de financer les projets du studio dirigé par Steven Spielberg et Stacey Snider. A l’origine, l’indien Reliance ADAG, nouveau partenaire de Dreamwork, s’était engagé à investir jusqu’à 500 millions de dollars dans les nouveaux studios, à condition que Steven Spielberg puisse de son côté réunir 750 millions de dollars, nécessaires à la relance de la production. Après avoir perdu le soutien de son partenaire historique, AIG, frappé par la crise financière, Spielberg a dû chercher des soutiens bancaires outre-Atlantique. Ses nouveaux partenaires, emmenés par JP Morgan, sont la Société générale et la Royal Bank of Scotland. Spielberg peut également compter sur le groupe Disney, avec lequel il s’est accordé le 8 février 2009 pour la distribution exclusive de ses films, à l’exception de l’Inde, en échange d’une montée de la major dans le capital de DreamWorks Studio. Disney aurait ainsi, selon le Financial Times, apporté près de 175 millions de dollars. En définitive, Spielberg dispose désormais de quelque 825 millions de dollars pour relancer son activité de production. Et ses films sont promis au succès, si l’on en croit le dispositif commercial prévu : Disney prendra en charge les droits de marketing et de distribution sur les principaux marchés, tandis que Reliance distribuera les nouveaux films de Spielberg en Inde, un marché qui ne représente actuellement que 1 % des revenus générés par Hollywood, mais qui comptera, dans dix ans, 500 millions d’Indiens de moins de 30 ans, parlant anglais et grands consommateurs de cinéma, 4 milliards de tickets étant vendus chaque année en Inde !

Disney s’empare de Marvel pour conquérir un nouveau public et renforcer sa stratégie de gestion de licences

Annoncé le 1er septembre 2009, le rachat surprise de l’éditeur américain de bandes dessinées Marvel Entertainment par le groupe Disney témoigne de la réorganisation stratégique des grandes majors hollywoodiennes. Le rachat de Marvel par Disney se fera en numéraire et en actions. Disney versera 30 dollars et 0,75 action Disney par titre Marvel, ce qui porte la valorisation de Marvel à 4 milliards de dollars, le titre Disney pointant à 38,65 dollars le vendredi soir précédant l’annonce. Après le rachat de Pixar en 2006 pour 7,4 milliards de dollars, cette opération figure parmi les plus importantes jamais réalisées par Disney.

Pour Disney, la prise de contrôle de Marvel témoigne du recentrage du groupe sur la gestion des droits et les produits dérivés au détriment de la production cinématographique. En effet, Pixar génère désormais l’essentiel des revenus cinématographiques du groupe, à côté des activités médias (ABC, ESPN), des parcs de loisirs et du téléphone mobile en Chine et en Inde. Disney abandonne donc progressivement la production interne depuis la fermeture, en 2004, de son dernier studio d’animation 2D, afin de recentrer ses activités sur la valorisation des licences détenues. Le catalogue de Marvel, avec ses 5000 héros, rejoint donc ceux créés par Disney. La complémentarité des personnages est évidente : aux héros « gentils » et pacifiques de Disney s’ajoutent désormais les monstres et justiciers de Marvell, qui touchent plus facilement la cible des jeunes garçons. Disney entend donc reproduire au cinéma les succès déjà engendrés par Marvell depuis les premières adaptations cinématographiques de ses bandes dessinées en 2000, avec le film X-Men, suivi de Spider Man ou encore de L’Incroyable Hulk. Si la somme payée par Disney pour s’emparer de Marvel semble élevée, le leader mondial du divertissement justifie son investissement par sa « structure d’entreprise qui permet de maximiser la valeur des actifs créatifs via de multiples plates-formes » de diffusion. En attendant de futurs projets, Disney prend ainsi le contrôle d’un groupe très rentable : avec seulement 300 employés, Marvel a dégagé un bénéfice net de 206 millions de dollars en 2008 pour un chiffre d’affaires de 676 millions de dollars.

Sources :

  • « DreamWorks, le studio de Steven Spielberg, va relancer sa produc- tion de films », AFP, lemonde.fr, 18 août 2009.
  • « Speilberg’s DreamWorks raises $825m », Andrew Edgecliffe Johnson, Matthew Garrahan, Financial Times, August 18, 2009.
  • « Walt Disney veut acheter Marvel pour 4 milliards de dollars», AFP, lemonde.fr, 31 août 2009.
  • « Pourquoi Disney verse une super-prime aux héros de Marvel »,Vincent Degrez, La Croix, 1er septembre 2009.
  • « Walt Disney rachète l’éditeur de Spider Man », Valérie Collet, Le Figaro, 1er septembre 2009.

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