4DX, ScreenX et ICE : les salles de cinéma misent sur « l’expérience immersive »

Face au succès des pratiques culturelles numériques sur écran portable – vidéo à la demande, jeux vidéo et autres plateformes vidéo –, les réseaux de salles obscures comptent sur les nouvelles technologies pour retenir le jeune public.

Immersive Cinema Experience ou ICE, ScreenX et 4DX sont les nouveaux vocables de l’exploitation cinématographique. Il s’agit d’offrir au public une « expérience » qui s’inscrit aux antipodes de la petite salle d’art et d’essai de quartier qui propose très simplement de regarder un film sur grand écran. En juillet 2018, Les Cinémas Pathé Gaumont ont inauguré une salle de cinéma au sein du multiplexe Pathé Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, qui cumule tout ce qui se fait de plus high-tech : 4DX et ScreenX pour une projection panoramique accompagnée d’effets sensoriels. Pathé Beaugrenelle est la deuxième salle au monde à proposer ce doublé technologique, installé pour la première fois dans une salle à Séoul par l’entreprise sud-coréenne CJ 4DPLEX à l’origine du lancement de ces deux technologies. Appartenant à CJ CGV – premier exploitant de salles en Corée du Sud, présent en Chine, en Indonésie, au Myanmar, en Turquie, au Vietnam et aux États-Unis – filiale du conglomérat CJ Corporation, lequel exerce également les activités de producteur et de distributeur de films via sa filiale CJ ENM, CJ 4DPLEX peut compter sur sa maison mère pour assurer la commercialisation de son savoir-faire.

4DX, la 3D augmentée

La première salle 4DX a été ouverte au Pathé La Villette à Paris (19e arr.) en mars 2017. En septembre 2018, on recense 28 salles équipées en France, dont quatre dans la capitale. Selon le partenariat conclu avec la société coréenne CJ 4DPLEX, Les Cinémas Pathé Gaumont, également présents aux Pays-Bas, en Belgique et en Suisse, ont prévu d’équiper 50 salles en 4DX en Europe d’ici à 2020. Une salle 4DX est dotée d’équipements qui synchronisent à l’action du film, d’une part les mouvements du fauteuil – soulèvement, oscillation, basculement, ainsi que des effets de vibration ou de chatouillement – et, d’autre part, des effets sensoriels de toutes sortes comme le vent, la pluie, l’orage, le brouillard, la neige, la fumée, les odeurs et la lumière. Lors d’une scène de course poursuite, le spectateur ressent l’effet de vitesse par l’inclinaison de son fauteuil et l’air soufflé. Ces effets de mouvements et d’ambiance viennent s’ajouter à ceux procurés par le port des lunettes 3D.

« Pour une expérience agréable et en toute sécurité du cinéma 4DX, nous vous prions de lire attentivement et de respecter nos consignes de sécurité », avertissent sur leur site les Cinémas Pathé Gaumont, interdisant la salle 4DX aux enfants de moins de 4 ans et à ceux mesurant moins de 1,20 mètre non accompagnés, aux femmes enceintes, aux personnes âgées ou souffrant de problèmes cardiaques, de mal de dos ou de douleurs cervicales, ayant le mal des transports ou encore à celles et ceux qui sont sous traitement médical ou sous l’influence de l’alcool ou de drogues. Dernier avertissement : ne pas porter de vêtements délicats ou d’articles qui pourraient être endommagés par des effets de pluie, de vent, de bulles ou la diffusion d’odeurs.

Grâce à sa technologie 4DX lancée en 2009, « les films ne sont plus confinés à l’écran », annonce l’entreprise sud-coréenne CJ 4DPLEX, qui a inventé 20 types d’effets différents pour créer un environnement pour chaque film. Installé également à Los Angeles et à Pékin, CJ 4DPLEX déploie sa technologie 4DX dans le monde entier. La société revendique plus de 550 salles déjà équipées dans 59 pays, soit plus de 65 000 sièges 4DX, en août 2018, et plus de 550 blockbusters hollywoodiens ou autres films projetés en 4DX depuis 2009, dépassant 76 millions de spectateurs à ce jour.

À l’occasion de la foire internationale Big Cine Expo, qui s’est déroulée en août 2018 à Mumbai, CJ 4DPLEX a reçu le prix de la « Technologie innovante de l’année » pour son procédé de cinéma immersif 4DX. L’Asie est le premier marché du fabricant coréen, affichant une croissance de 38 % entre le 3e trimestre 2017 et le 3e trimestre 2018, avec 92 nouveaux écrans en Inde, en Chine, au Japon, en Corée, en Malaisie, en Mongolie et en Thaïlande.

ScreenX, un écran à trois faces

C’est une première en Europe : les multiplexes parisiens Pathé Beaugrenelle et Pathé La Villette ont ouvert chacun, en juillet 2018, une salle équipée de la technologie ScreenX. Lancé par le coréen CJ 4DPLEX en 2012, ce système inédit installe deux écrans supplémentaires de part et d’autre de l’écran central recouvrant ainsi toute la surface des murs latéraux de la salle, afin d’y projeter certaines scènes du film, préalablement sélectionnées, à l’aide de deux projecteurs laser de chaque côté. « Plongez en plein milieu d’une scène d’action et ressentez la pression du combat vous submerger ou bien laissez de sublimes panoramas enchanteurs vous entourer au cours d’une scène remplie de poésie » : telle est l’invitation lancée par Les Cinémas Pathé Gaumont aux spectateurs pour une « nouvelle expérience immersive au cinéma ».

Pour parvenir à cette expérience immersive à 270°, la multi-projection ScreenX recourt à des images supplémentaires, choisies parmi celles filmées lors du tournage ou créées de toutes pièces sur ordinateur au cours de la post-production. Un procédé pris en charge par les studios de CJ 4DPLEX en collaboration avec le réalisateur, mais qui allonge inévitablement le temps de travail et augmente le budget du film. Pour Ant-Man et la Guêpe, film américain de Peyton Reed, sélectionné pour inaugurer la technologie ScreenX dans les deux salles parisiennes, à peine 30 minutes de scènes d’action ont été projetées en multi-écrans sur une durée totale de 1h58, afin de préserver l’effet spectaculaire et, sans nul doute, afin de ne pas alourdir les coûts de production.

Deux autres films de nationalité américaine sont déjà sortis en salle au format ScreenX : En eaux troubles de Jon Turteltaub, le 22 août 2018, et La Nonne de Corin Hardy, le 19 septembre 2018, tandis qu’un troisième, Aquaman de James Wan, est programmé pour le 19 décembre 2018. Le prix du billet à 15 euros en plein tarif pour une séance standard se trouve majoré de 8 euros – 6 euros pour une séance 4DX et 2 euros pour une séance ScreenX –, soit 23 euros au total. À ce jour, 147 salles de cinéma dans le monde sont équipées de ScreenX, pour la plupart en Asie, notamment en Corée du Sud et en Chine. En 2014, la société belge Barco avait lancé son propre système de projection avec trois écrans, baptisé Escape. Adopté par à peine une quarantaine de salles fin 2017, le procédé a été abandonné début 2018.

ICE, une immersion lumineuse

Devenu le premier exploitant de France à la suite du rachat de Cap’Cinema en novembre 2017, le groupe CGR a opté, de son côté, pour une autre technique « immersive » afin de moderniser son parc de salles. Depuis avril 2017, CGR déploie dans ses salles le système LightVibes, développé par Philips sous son propre label ICE pour Immersive Cinema Experience. Équipées de fauteuils inclinables, offrant une projection laser et une qualité de son haut de gamme, les salles ICE plongent les spectateurs dans une ambiance lumineuse colorée synchronisée avec le film projeté. Cette « expérience immersive » est réalisée grâce à des écrans disposés de chaque côté de la salle – des dalles de LED pouvant aller jusqu’à 6 mètres de haut et plus d’un mètre de large –, sur lesquels sont projetées des images choisies au cours de la post-production. Ce processus de création (authoring) est réalisé au sein du laboratoire de CGR à La Rochelle.

À l’été 2018, CGR comptait 19 salles labellisées ICE, dont la salle CGR Paris-Lilas dans le 20e arrondissement de Paris inaugurée en juin 2018 ; 7 ouvertures supplémentaires sont prévues d’ici à la fin de l’année. Par ailleurs, Philips a laissé au groupe CGR le droit exclusif de commercialiser son procédé. Le prix du billet de ces salles premium a augmenté : 15 euros plein tarif après 19 heures. Une douzaine de films ont d’ores et déjà été adaptés à la technologie LightVibes, le premier film français étant Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson, sorti en juillet 2017.

4DX, ScreenX et ICE, attractions pour blockbusters

L’équipement en nouvelles technologies de l’image et du son, qui entraîne de surcroît la rénovation complète des salles, représente des investissements importants à la charge des exploitants que seuls les grands groupes de l’exploitation cinématographique – CGR, Gaumont Pathé, et UGC en tête – peuvent s’offrir, en cumulant près de 60 % du nombre total des entrées en salle (209,4 millions en 2017), grâce à leurs multiplexes, établissements de huit écrans et plus, au nombre de 219 sur le territoire national en 2017.

Sources :

  • 4DX. Absolute Cinema Experience, cj4dx.com.
  • 4DX. L’expérience de cinéma absolue dans les cinéma Pathé et Gaumont, 4dx.cinemaspathegaumont.com.
  • ScreenX, screenx.cinemaspathegaumont.com.
  • « CGR ouvre sa première salle parisienne ICE », Philippe Loranchet, Cahier des exploitants, n°186, Ecran total, 4 juillet 2018.
  • « Image à 270 : Les Cinémas Pathé Gaumont investissent dans les effets spéciaux », Thierry Noisette, L’Obs, nouvelobs.com, 18 juillet 2018.
  • « L’image de tous côtés », Philippe Loranchet, Cahier des exploitants n°187, Ecran total, 29 août 2018.
  • CJ CGV, Wikipedia, en.wikipedia.org, page edited on 16 September 2018.

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