La Commission européenne publie une étude consacrée à l’impact économique des logiciels libres (FLOSS : Free/Libre/Open Source Software) sur le secteur des technologies de l’information et de la communication en Europe. Coordonnée par le centre de recherche UNU-MERIT de l’Université de Maastricht (Pays-Bas), cette étude a été réalisée à partir des travaux de plusieurs organismes publics et de centres de recherche universitaires européens (Italie, Espagne, Irlande, France).
L’économie de l’information, incluant tant les infrastructures et les services que la vente d’information elle-même, est désormais un marché de l’ordre de 10 % du PIB de la plupart des pays développés et compte pour plus de la moitié de leur croissance économique.
Les logiciels libres sont une des clefs de la performance et de la compétitivité de l’industrie numérique en Europe comme ailleurs. Les logiciels libres ont gagné ces cinq dernières années des parts de marché considérables dans plusieurs domaines, notamment les serveurs Web, les logiciels de navigation, les bases de données, les messageries ou les systèmes d’exploitation.
De nombreuses organisations publiques et privées déclarent utiliser des logiciels libres dans de multiples domaines d’application. En Europe, les entreprises utilisent les logiciels libres plus que partout ailleurs dans le monde, devant les Etats-Unis et l’Asie. Le taux de pénétration est particulièrement élevé dans le secteur public européen, ce qui sera bientôt également le cas en Asie et en Amérique latine. Dans le secteur privé, l’adoption des logiciels libres est surtout le fait des moyennes et grandes entreprises.
L’ensemble d’applications en logiciels libres fiables, bien contrôlés et distribués, coûterait aujourd’hui environ 12 milliards d’euros aux entreprises, si elles devaient les développer en interne. Au cours des huit dernières années, ce code source a été doublé tous les 18-24 mois, la tendance étant appelée à se poursuivre. L’ouverture des codes sources a un impact positif car elle crée un environnement favorable à l’innovation, à l’inverse des codes propriétaires qui ont tendance à cloisonner le marché.
Si l’Europe occupe la place de leader pour le nombre de développeurs de logiciels libres, ce sont les Etats-Unis qui, en terme de volume d’activités, en tirent le meilleur parti. Presque les deux tiers des logiciels libres sont le résultat d’initiatives individuelles (15 % l’étant par des entreprises privées et 20 % par d’autres institutions), ce qui entraîne la création d’un nombre croissant de petites et moyennes entreprises profitables ainsi que de nouveaux emplois.
La contribution volontaire totale des programmateurs de logiciels libres est évaluée à 800 millions d’euros chaque année et près de la moitié de ces programmateurs se trouvent en Europe.
Le modèle économique des « FLOSS » s’annonce profitable pour l’Europe. L’investissement européen en logiciels libres est aujourd’hui évalué à 22 milliards d’euros (36 milliards aux Etats-Unis), soit 20,5 % de l’investissement total en logiciels (20 % aux Etats-Unis). Selon les auteurs de l’étude, une augmentation de 20 % à 40 % de la part des logiciels libres dans les investissements logiciels aboutirait à une hausse de 0,1 % par an du PIB de l’Union européenne. En 2010, les logiciels libres pourraient représenter 32 % des services informatiques dans le secteur des technologies de l’information et leur part dans l’économie atteindrait 4 % du PIB européen.
Le logiciel libre est menacé en Europe par l’action de groupements politiques en faveur de réglementations risquant d’entraver l’apparition de nouveaux business models favorables aux petites et moyennes entreprises.
En conclusion, les auteurs de l’étude estiment que « le grand nombre de développeurs européens fournit une opportunité unique de créer une nouvelle économie du logiciel et tend vers les objectifs de Lisbonne de faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive d’ici 2010 ».
Economic impact of FLOSS on innovation and competitiveness of the EU ICT sector, European Communities, 287 p., ec.europa.eu, November 2006.