La presse quotidienne allemande, comme ses consœurs européennes, traverse une crise due notamment à l’érosion de son lectorat et à l’effritement de ses parts de marché publicitaire. Pour autant, les titres de presse quotidienne innovent Outre-Rhin. Conscients des difficultés à augmenter la diffusion de leurs titres en semaine, les groupes de presse développent des éditions dominicales qui leur permettent de conquérir de nouveaux lecteurs et de trouver un relais de croissance.
Le groupe Axel Springer a longtemps contrôlé seul le marché de la presse du 7e jour avec notamment le tabloïd Bild am Sonntag (2 millions d’exemplaires en moyenne) et le très sérieux Welt am Sonntag (400 000 exemplaires). Toutefois, début 2002, la FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung) a lancé son journal dominical, le Frankfurter Allgemeine Sonntagzeitung (FAS). Rentable depuis 2005, le FAS tire aujourd’hui à près de 315 000 exemplaires. Ce succès incite de nouveaux éditeurs à tenter l’aventure dominicale. Ainsi, à Hambourg, ont été lancées fin novembre 2006 une édition dominicale du Hamburger Morgenpost, contrôlé par le groupe d’investissement VSS du britannique David Montgomery, et une édition du Hamburger Abendblatts am Sonntag par le groupe Axel Springer. Enfin, un autre grand de la presse allemande s’apprête à entrer sur le marché de la presse dominicale, le Süddeutsche Zeitung envisageant lui aussi la création d’un quotidien du 7e jour.
L’effervescence autour de la presse dominicale, qui constitue certes un relais de croissance pour certains titres, ne doit toutefois pas masquer les difficultés du secteur. Alors que la presse quotidienne allemande rencontre de graves difficultés, la presse du septième jour n’offre des perspectives aux nouveaux titres qu’au détriment des plus anciens, la diffusion totale de la presse dominicale étant globalement en recul, sa diffusion payée étant passée de 4,3 millions d’exemplaires en 2002 contre 3,8 millions d’exemplaires en 2006. Ainsi, depuis 2002 et le lancement du FAS, le tirage du Welt am Sonntag, son concurrent direct, est en recul. Enfin, le circuit de diffusion est plus restreint le dimanche puisque seuls 30 000 points de vente sont ouverts contre 120 000 en semaine.
Sources :
- En Allemagne, la presse dominicale a le vent en poupe », Patrice Drouin, Les Echos, 3-4 novembre 2006.
- « Le dimanche, les journaux allemands ne se reposent pas », Nathalie Versieux, Libération, 22 novembre 2006.