Musique : OPA réussie de Terra Firma sur EMI, rachat de BMG Publishing par Universal et reprise de l’enquête sur le mariage Sony – BMG

Le 1er août 2007, date limite et déjà repoussée à plusieurs reprises de l’OPA amicale, lancée le 21 mai 2007, du fonds britannique Terra Firma sur EMI, 90,27 % des actionnaires de la troisième major mondiale du disque avaient vendu leur action au profit de Terra Firma. L’offre publique d’achat, qui portait au minimum sur 90 % des actions, qui a donc abouti, devrait permettre à Terra Firma de retirer EMI de la Bourse de Londres et de restructurer le groupe.

L’aboutissement de l’OPA a été rendu possible après que Warner Music, repreneur potentiel d’EMI, mais qui avait échoué à plusieurs reprises, eut annoncé son intention de ne pas proposer de contre-offre sur EMI. Warner Music, numéro quatre mondial du disque, avait été contraint par le Take Over Panel, le gendarme boursier au Royaume-Uni, de se prononcer au plus tard le 19 juillet 2007, date à laquelle les spéculations autour des titres EMI ont cessé. Terra Firma aura donc déboursé 3,2 milliards de livres (dont 800 millions de livres de dettes), soit 4,8 milliards d’euros, pour prendre le contrôle d’EMI, une valorisation légèrement supérieure à l’offre formulée en mars 2006 par Warner. Toutefois, le groupe dirigé par Edgar Bronfman Junior, qui s’est accordé avec l’association Impala de défense des producteurs indépendants en Europe dans le cas d’un rachat d’EMI, ne devrait pas abandonner ses visées sur EMI. Terra Firma pourrait notamment envisager la cession de l’activité disque, qui intéresse Warner, et ne conserver que la branche très rentable de l’édition musicale (voir le n°2-3 de La revue européenne des médias, printemps-été 2007). De son côté, Impala a perdu une partie sur le dossier de l’édition musicale. Alors que l’association s’opposait au rachat de BMG Publishing, la filiale édition musicale de Bertelsmann, par Universal Music Group, la Commission européenne a finalement donné son accord pour la fusion fin mai 2007, alors que le rachat de BMG Publishing par Universal avait été annoncé en septembre 2006 pour 1,63 milliard de dollars. A la suite d’une enquête approfondie qui avait amené la première major mondiale du disque à procéder à une série de cessions, notamment les catalogues Rondor UK et Zomba Music Publishing, la Commission a estimé que la perte de 1 900 titres à grand succès et l’équivalent de 30 millions d’euros de recettes par an en Europe empêcherait Universal de contrôler une trop grande part des succès des hit-parades et, par conséquent, du marché de la musique en ligne où les problèmes de concurrence étaient les plus évidents.

La fusion Universal Music Group Publishing et BMG Publishing donne ainsi naissance au numéro un mondial de l’édition musicale, juste devant EMI Pu- blishing, alors même qu’Universal Music Group est déjà le leader sur le marché du disque. Impala s’est toutefois félicitée du message envoyé par la Commission européenne aux majors, à savoir que, désormais, « aucune fusion sans concessions ne sera autorisée sur ce marché ».

La Commission européenne doit en outre statuer sur un autre dossier, celui de la fusion Sony – BMG, pour l’activité disque cette fois-ci, autorisée en 2004 mais invalidée par la justice européenne le 13 juillet 2006. En effet, après avoir obtenu les informations nécessaires à la poursuite de l’enquête (voir le n° 2-3 de La revue européenne des médias, printemps – été 2007), la Commission a repris son examen, le 26 juin 2007, sur les conditions de la fusion. Sa réponse, initialement attendue le 2 juillet, a été repoussée au 10 octobre 2007. La Direction de la concurrence n’ayant pas communiqué de griefs aux deux groupes, c’est-à-dire des engagements portant soit sur des cessions, soit sur les pratiques commerciales, la fusion devrait être autorisée sans conditions.

Sources :

  • « La spéculation fait encore une fois bondir l’action EMI à Londres », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 7 mai 2007.
  • « Le fonds Terra Firma offre 2,4 milliards de livres pour EMI », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 22 mai 2007.
  • « Bruxelles bénit le mariage Universal Music – BMG Pu- blishing », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 23 mai 2007.
  • « Universal autorisé à racheter l’édition de BMG », Isabelle Repiton, La Tribune, 23 mai 2007.
  • « Le fonds Terra Firma rachète EMI, numéro trois mondial du disque », Bruno Lesprit, Le Monde, 25 mai 2007.
  • « Bruxelles reprend son enquête sur le mariage Sony – BMG », C.J., La Tribune, 27 juin 2007.
  • « Le fonds britannique Terra Firma peine à acquérir EMI », I.C., Les Echos, 16 juillet 2007.
  • « EMI : pas de contre-offre de Warner Music », Le Figaro, 19 juillet 2007.
  • « EMI Group : Terra prolonge son OPA pour la dernière fois jusqu’au 29 juillet », Les Echos, 23 juillet 2007.
  • « Terra Firma réussit de justesse son OPA sur EMI », G.P., Les Echos, 2 août 2007.
  • « Bruxelles : vers un feu vert inconditionnel à la fusion Sony – BMG », Grégoire Poussielgue et Karl de Meyer, Les Echos, 10 septembre 2007.
Professeur à Aix-Marseille Université, Institut méditerranéen des sciences de l’information et de la communication (IMSIC, Aix-Marseille Univ., Université de Toulon), École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM)

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