Le marché européen du logiciel est toujours dominé par les éditeurs américains

Parmi les 20 premières entreprises de logiciels établies en Europe, quatre seulement ne sont pas américaines : l’allemande SAP qui occupe le 3e rang, la britannique Sage au 9e rang, la française Dassault Systèmes au 13e rang et une autre britannique, Logica, classée 18e. Toutes les autres, à l’exception de la japonaise alliée à une allemande -Fujitsu Siemens Computers-, sont américaines : Microsoft, IBM, Oracle, Symantec, HP…

Selon le baromètre des éditeurs de logiciels « Truffle 100 », l’industrie française du logiciel a connu une phase de consolidation sans précédent en 2007. Parmi les cinquante premiers éditeurs français, sept sont passés aux mains de sociétés étrangères, à l’instar de Business Objects racheté par l’allemand SAP, Ilog, repris par IBM, ou encore GL Trade, acquis par l’américain Sungard.
Evalué à 56 milliards d’euros en 2007, le marché européen des logiciels réalise 30 % du chiffre d’affaires mondial du secteur, tandis que le marché américain en représente 49 % et l’Asie, 20 %. L’Europe est largement dominée par les éditeurs américains selon le classement établi par la première étude Eurosoftware de PricewaterhouseCoopers (PwC), avec l’Association européenne du logiciel (ESA), l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel) et l’Association des développeurs d’applications (Basda). Sur les vingt premières sociétés en Europe, quinze sont américaines, contre seulement quatre européennes et une japonaise/allemande (Fujitsu Siemens Computers). Au premier rang, se trouve, sans surprise Microsoft, qui réalise plus de 9 milliards de chiffre d’affaires sur le territoire européen, devant IBM, avec plus de 4 milliards et l’éditeur allemand SAP, leader européen, avec 3,8 milliards d’euros. La deuxième entreprise européenne, la britannique Sage, est classée au 9e rang sur le marché européen, avec un chiffre d’affaires de 715 millions d’euros. Le premier éditeur français, Dassault Systèmes, classé au 13e rang européen, réalise 469 millions d’euros de chiffre d’affaires en Europe (dont 109 millions en France) sur un chiffre d’affaire mondial supérieur à 1 milliard. La quatrième et dernière entreprise éditrice de logiciels, classée 18e parmi les 20 premières en Europe, est la britannique Logica, avec un chiffre d’affaires de 297 millions d’euros. Ces quatre premiers éditeurs européens–SAP, Sage, Dassault Systèmes et Logica- totalisent un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros sur le marché européen contre 17,7 milliards pour les quatre premières sociétés américaines –Microsoft, IBM, Oracle et Symantec-, dont la somme des revenus mondiaux de la vente de logiciels dépasse le marché européen des logiciels tout entier.

Les dix premiers éditeurs de logiciels européens
Selon le président de l’Afdel, Patrick Bertrand, ce classement pourrait bien être bouleversé au cours des dix prochaines années grâce à certains atouts des éditeurs européens, tels qu’ « une R&D des plus qualitatives, un environnement financier mature et une nouvelle génération d’entrepreneurs ». La formation et le manque de personnels qualifiés constituent les défis majeurs à relever. Selon les auteurs de l’étude PwC, le développement du principe du « logiciel comme service » (SaaS) d’une part, et, des services en ligne, d’autre part, modifiera grandement les structures de ce marché.

En novembre 2008, les associations européennes d’éditeurs de logiciels ont adressé à Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias, leur position paper, en réponse à l’appel à proposition lancé par Bruxelles, un an auparavant, afin de construire « une stratégie pour le logiciel européen ». Parmi les neuf propositions formulées, la création d’un fonds européen du logiciel devrait encourager les sociétés de capital-risque à investir dans le secteur et, surtout, faciliter la transformation d’une technologie en un produit ; le lancement d’un programme d’innovation logicielle financerait les projets axés sur l’innovation portant notamment sur des produits accessibles en différentes langues européennes ; enfin, un réseau d’expertise logicielle devrait permettre d’améliorer les compétences de la main d’œuvre en Europe.

En France, dans le cadre du plan « France numérique 2012 », un groupe de travail rassemblant les acteurs de la distribution, les associations de consommateurs, les fabricants et fournisseurs de logiciels, devra réfléchir sur la mise en place d’une expérimentation pour dissocier la vente de l’ordinateur de celle du logiciel d’exploitation.

Sources :

  • « EuroSoftware. Key players & market trends », PricewaterhouseCoopers, 2008, 48 p. in eurosoftware100.com
  • « Les éditeurs français de logiciels cherchent à tenir leur rang », Charles de Laubier, Les Echos, 19 novembre 2008.
  • « La Commission européenne prépare un plan  » logiciel made in Europe  » », C. de L., Les Echos, 19 novembre 2008.
  • « Logiciels : les Américains règnent toujours en Europe », Charles de Laubier, Les Echos, 3 décembre 2008.
  • « Le logiciel européen à la peine », L.P., La Tribune, 3 décembre 2008.
  • « EuroSoftware 100 : le marché du logiciel en Europe dominé par les acteurs américains », Maryse Gros, lemondeinformatique.fr, 3 décembre 2008.
Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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