La concentration du câble allemand se poursuit sous l’égide du numéro 1 européen, Liberty Global, filiale de Liberty Media le groupe américain dirigé par John Malone. L’intérêt renouvelé pour le câble européen, au-delà de la diffusion des chaînes, repose sur le développement de l’Internet haut débit, notamment en Allemagne.
Annoncé le 21 mars 2011, l’accord de rachat de Kabel BW (KBW), conclu entre Liberty Global, filiale du groupe américain Liberty Media détenu par John Malone, et le fonds EQT Partners, propriétaire de KBW, constitue la plus importante opération de consolidation du marché du câble en Allemagne. KBW est le troisième câblo-opérateur allemand, présent dans le Land de Bade-Wurtemberg. Avec 3,7 millions de prises installées et 2,4 millions de clients fin 2010, KBW se classe juste derrière Unitymedia, racheté par Liberty Global en novembre 2009 (voir REM n°13, p.14) et le leader Kabel Deutschland. En fusionnant les numéros 2 et 3 allemands du câble, Liberty Global va renforcer ses positions face à Kabel Deutschland, mais également face à Deutsche Telekom, les trois groupes étant lancés dans une course au très haut débit et aux abonnements triple play, qui profite d’abord aux câblo-opérateurs dont les réseaux en Allemagne sont très développés.
Avec cette acquisition, le câble en Allemagne devient le marché principal de Liberty Media, alors que le groupe n’y est présent que depuis 2009, bien qu’il soit depuis longtemps installé en Europe, en particulier sur les marchés à forte croissance d’Europe de l’Ouest, notamment en Autriche, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse. Cette acquisition, en plus de l’effet de taille qui permet d’ajouter les abonnés de KBW aux 8,7 millions de prises installées ainsi qu’aux 4,6 millions d’abonnés d’Unitymedia, repose en outre sur une complémentarité géographique. Le Land de Bade-Wurtemberg est contigu à ceux de Hesse et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où Unitymedia est déjà présent. Avec 7 millions d’abonnés, le nouvel ensemble talonne Kabel Deutschland et ses 8,8 millions d’abonnés.
L’opération de rachat, qui devra recueillir l’accord des autorités de concurrence, repose sur un montage complexe. Face à ses autres concurrents, des offres ayant été déposées par les fonds CVC Capital Partners et Hellman & Friedman LLC, Liberty Global aura dû être généreux et offrir en tout 3,16 milliards d’euros pour s’emparer de KBW, qui a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 563 millions d’euros. Liberty Global aura dû également s’engager sur le versement de cette somme à EQT Partners quelle que soit la décision des autorités de concurrence. Le montage est donc complexe : la banque conseil de Liberty Global, Goldman Sachs, va mettre en place une structure qui rachètera KBW, le temps pour Liberty Global de recueillir l’aval des autorités de concurrence et de prendre définitivement le contrôle de KBW. L’opération est donc risquée si les autorités allemandes s’y opposent, comme ce fut déjà le cas en 2004, lorsque Kabel Deutschland chercha à s’emparer de KBW et des deux câblo-opérateurs, Ish GmbH et Iesy eKabel GmbH, actuellement regroupés dans Unitymedia. En cas d’opposition des autorités de concurrence, KBW sera détenu par Goldman Sachs.
Sources :
- « Liberty Global said to be near to buying German’s Kabel-BW for $4 billion », Aaron Kirchfeld, Ragnhild Kjetland, Anne Chassany, Bloomberg, March 21, 2011.
- « Liberty Global to acquire KBW », Press Release, Liberty Global, March 21, 2011.
- « Sale of KBW all rewards, no risk for Sweden’s EQT », Natalie Harrison, Nicola Leske, Reuters, March 22, 2011.
- « KBW dans l’escarcelle de Liberty Global », L’Agefi, 22 mars 2011.