ProSiebenSat1 cède ses actifs belges et néerlandais, héritage de la fusion avec SBS

Endetté depuis la fusion en 2007 avec SBS, sous la houlette des fonds KKR et Permira, ProSiebenSat1 a cédé ses actifs belges et néerlandais au groupe finlandais Sanoma, abandonnant ainsi sa stratégie européenne pour s’imposer face à RTL Group. ProSiebenSat1 conserve toutefois ses chaînes de télévision en Scandinavie.

Détenu par les fonds KKR et Permira depuis 2006 (voir REM n°1, p.16), ProSiebenSat1 avait fusionné en 2007 avec SBS Broadcasting, dont les actifs étaient également contrôlés par KKR et Permira (voir REM n°4, p.12). L’objectif revendiqué de la fusion était de faire émerger le deuxième acteur européen de l’audiovisuel, après RTL Group. Mais les synergies et l’effet de taille n’ont pas été au rendez-vous. A la dette de ProSiebenSat1, contractée à l’occasion de la prise de contrôle de SBS, quelque 3 milliards d’euros fin 2010, s’ajoutent désormais de mauvais chiffres sur le marché allemand, frappé en 2009 par un effondrement des recettes publicitaires. Malgré plusieurs cessions, dont la chaîne d’information N24, et une restructuration (voir REM n°16, p.22), le groupe ProSiebenSat1 annonçait donc, fin 2010, son intention de procéder à une revue de ses activités internationales, essentiellement celles héritées de SBS, soit les chaînes de télévision en Scandinavie, aux Pays-Bas et en Belgique.

Après une offre déposée le 8 avril 2011 par un consortium emmené par le groupe de médias finlandais Sanoma, ProSiebenSat1 a finalement confirmé, le 20 avril, la cession de ses activités au Pays-Bas et en Belgique pour 1,23 milliard d’euros. Dans le même temps, ProSiebenSat1 a précisé vouloir mettre fin à son programme de cessions tout en conservant ses actifs scandinaves, le fruit de la vente de ses actifs belges et néerlandais lui permettant de réduire son endettement. Par cette opération, ProSiebenSat1 redevient aussi plus attractif, au cas notamment où les fonds KKR et Permira souhaiteraient se retirer du groupe audiovisuel allemand. Lors de la présentation de ses résultats au premier trimestre 2011, ProSiebenSat1 a par ailleurs annoncé des résultats positifs, avec un chiffre d’affaires en hausse de 3,7 % à 682,8 millions d’euros, tiré notamment par les performances des chaînes de télévision scandinaves (+12,6 %), quand les activités en Allemagne ne reculent que de 0,8 % sur un an.

Pour Sanoma, le rachat des actifs belges et néerlandais de ProSiebenSat1 est passé par une série d’alliances avec des médias locaux. Ainsi, aux Pays-Bas, Sanoma s’est allié avec la holding Talpa contrôlé par John de Mol, Sanoma détenant 67 % des actifs rachetés contre 33 % pour Talpa. En s’emparant des chaînes SBS6, Net 5 et Veronica TV, ainsi que de deux guides de programmes de télévision, Sanoma devient un acteur majeur du secteur audiovisuel néerlandais et il pourra en outre s’appuyer sur les catalogues détenus par Talpa. En Belgique, la stratégie d’alliance a conduit à un accord entre Sanoma Corelio, la filiale belge du groupe finlandais, qui avait jusqu’ici des activités d’édition en Belgique, et Waterman & Waterman, groupe belge de production audiovisuelle. Ensemble, ils prennent le contrôle des chaînes VT4 et VIJF.

Sources :

  • « Sanoma dépose une offre pour acquérir des actifs de ProSiebenSat1 », La Correspondance de la presse, 11 avril 2011.
  • « ProSieben vend ses actifs belges et néerlandais », Les Echos avec Reuters, 20 avril 2011.
  • « ProSiebenSat1 vend ses actifs au Benelux pour 1,23 milliard d’euros », La Correspondance de la presse, 21 avril 2011.
  • « ProSiebenSat1 : bénéfice net en hausse de 76 % sur un an », La Correspondance de la presse, 6 mai 2011.
Professeur à Aix-Marseille Université, Institut méditerranéen des sciences de l’information et de la communication (IMSIC, Aix-Marseille Univ., Université de Toulon), École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM)

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