Pratiques culturelles, 1973-2008. Dynamiques générationnelles et pesanteurs sociales

Synthèse des cinq enquêtes menées entre 1973 et 2008 sur les pratiques culturelles des Français (lecture, télévision, radio, musique, cinéma, musées, spectacles, bibliothèques et pratiques en amateur), cette étude permet de mettre en lumière les grandes tendances : la montée en puissance de l’audiovisuel avec l’augmentation massive de l’écoute de la musique et la généralisation de la culture de l’écran, le recul de la lecture d’imprimés, l’essor des pratiques artistiques en amateur et la hausse de la fréquentation des établissements culturels. En réalité, depuis trente-cinq ans, les choses n’ont pas beaucoup changé et le lien entre le niveau de diplôme et la participation à la vie culturelle est toujours aussi fort. Le champ des pratiques culturelles est marqué par la persistance de grandes inégalités sociales et territoriales.

Le cas de la presse écrite

Depuis plusieurs décennies, la presse perd des lecteurs d’une génération à l’autre, « sans qu’aucun effet de rattrapage n’intervienne avec l’avancée en âge », à l’exception de la génération des baby-boomers, personnes nées entre 1945 et 1954, pour lesquels le niveau de lecture augmente légèrement à l’âge adulte. Seuls 9 % des 15-28 ans appartenant à la génération née entre 1985 et 1994 lisaient un quotidien tous les jours ou presque contre 20 % des 15-28 ans nés entre 1975 et 1984 et 36 % parmi ceux nés entre 1945 et 1954. Les 33-48 ans nés entre 1964 et 1974 étaient 21 % à lire un quotidien tous les jours ou presque alors qu’ils étaient 43 % parmi ceux nés entre 1945 et 1954 et 64 % pour ceux nés entre 1925 et 1934. L’augmentation du niveau de scolarisation n’a pas permis d’enrayer la chute de la lecture de la presse car celle-ci était déjà en 1973 peu dépendante du niveau de diplôme, contrairement aux autres pratiques culturelles. Cette caractéristique s’est même accentuée puisque les diplômés se sont tournés, d’abord, vers le marché diversifié de la presse magazine, puis vers Internet, pour s’informer. « La lecture quotidienne de presse est en effet la seule activité étudiée où le taux de pratique des « bac + 3  » est, en 2008, inférieur à la moyenne nationale », précise Olivier Donnat. Le constat est le même si l’on prend pour critère le milieu social. Les cadres supérieurs ont proportionnellement davantage perdu l’habitude de lire un quotidien payant tous les jours que les autres catégories de la population active. Ils sont à peine plus nombreux que les ouvriers à lire le journal tous les jours ou presque, mais également nettement moins que les agriculteurs et les artisans. Cette tendance, exceptionnelle au regard des pratiques culturelles en général, se retrouve également selon le critère du lieu de résidence. Les habitants des communes rurales arrivent en tête pour la lecture du journal alors que les habitants de la région parisienne lisent moins les journaux que la moyenne nationale. Si le recul de la lecture quotidienne des journaux payants touche toutes les catégories de la population, toujours selon cette étude, les milieux favorisés sont davantage concernés encore « pour des raisons qui tiennent aux profondes modifications de leurs modes de vie et, bien entendu, à la concurrence créée, depuis l’arrivée de l’Internet, par les nouveaux modes d’accès à l’information dont ils sont les principaux consommateurs ».

N.B. Cette étude est assortie d’un document de méthodologie intitulé Pratiques culturelles, 1973-2008. Questions de mesure et d’interprétation des résultats, Olivier Donnat, DEPS, ministère de la culture et de la communication, 12 p., culture.gouv.fr, décembre 2011.

Pratiques culturelles, 1973-2008. Dynamiques générationnelles et pesanteurs sociales, Olivier Donnat, DEPS, ministère de la culture et de la communication, 36 p., culturecommunication.gouv.fr, décembre 2011

Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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