Des start-up françaises, championnes du perceptual computing

Deux start-up françaises ont été choisies récemment par Intel Capital, filiale de capital risque du fabricant américain de microprocesseurs, pour développer des interfaces homme-machine permettant de commander des objets, notamment à partir de la reconnaissance vocale ou faciale. La grande puissance de calcul des ordinateurs – cœur de métier d’Intel -, les algorithmes de traduction en « langage machine » et l’informatique en nuage sont les solutions dorénavant requises pour que l’usage de la commande vocale se généralise, selon Arvind Sodhani, président d’Intel Capital. La compétence des mathématiciens français dans le domaine de l’intelligence artificielle est particulièrement reconnue. Intel Capital entend développer le perceptual computing (informatique sensible), ou cette capacité à rendre les machines – ordinateurs, téléphones portables ou téléviseurs sensibles à leur environnement, en mettant à la disposition des développeurs un ensemble d’outils baptisé SDK (Software Development Kit) selon le vocabulaire des informaticiens. Les nouvelles applications homme-machine se concrétiseront par de nouveaux débouchés pour les microprocesseurs de la marque. Dans cette perspective, Intel Capital a investi à l’automne 2012 dans SIGFOX, start-up installée à Toulouse, qui se présente comme le premier opérateur M to M (machine to machine). Utilisant les bandes de fréquences libres et donc gratuites, SIGFOX a construit un réseau bas débit devant couvrir 80 % du territoire français fin 2012, avec 1 000 fois moins d’antennes qu’un réseau GSM. Il permet à toutes sortes d’installations ou d’objets, équipés de puces à basse consommation, de transmettre ou de recevoir des informations par Internet. Les applications sont infinies : télé-relève des compteurs, sécurité des bâtiments, contrôle d’équipements, infrastructures urbaines, Internet des objets…

Quelques mois auparavant, Intel Capital avait déjà apporté son soutien à Movea, start-up grenobloise, née grâce au laboratoire Leti du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), spécialisée dans la capture de mouvements. Son innovation porte sur la fusion de données, c’est-à-dire le traitement des informations transmises par les MEMS, ces puces qui permettent aux téléphones portables, tablettes et consoles de jeux, de réagir aux mouvements de l’utilisateur (voir REM n°21, p.15). Après un premier accord passé avec l’opérateur Free et sa box Révolution dotée d’une télécommande avec gyroscope et accéléromètre, la technologie SmartMotion de Movea équipe la nouvelle Livebox Play commercialisée par Orange en février 2013. Grâce à elle, de nombreuses fonctions – contrôler le volume ou fermer une application – sont ainsi exécutables par un simple mouvement avec la télécommande. Avec 6,5 millions d’euros de financement collectés en 2012, notamment auprès d’Intel Capital, Movea développe également des applications pour des équipements sportifs et s’attaque au marché des smartphones. Pas moins de 400 millions de dollars ont été investis par la filiale de capital-risque d’Intel en 2012, avec un taux de rendement à deux chiffres en Europe.

Sources :

  • « Le bras armé d’Intel dans le capital-risque s’intéresse aux talents européens », Solveig Godeluck, Les Echos, 17 octobre 2012.
  • « Sigfox, l’opérateur qui fait communiquer les objets connectés », S.G., Les Echos, 17 octobre 2012.
  • « Movea, des capteurs de mouvement à la fusion de données », S.G., Les Echos, 17 octobre 2012.
  • « Orange sélectionne Movea pour révolutionner le technoloisir avec un boîtier décodeur contrôlé par le geste », Business Wire, bfmtv.com, 3 janvier 2013.
  • SIGFOX, sigfox.com
  • Movea, movea.com
Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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