Les groupes étrangers tirent la R&D en Europe

Les leaders de la high-tech continuent de recruter leurs équipes de chercheurs en Europe, notamment en France.

Il y a cinq ans, l’américain Intel n’employait qu’une centaine de personnes en France, ne comprenant aucun chercheur. En 2014, le premier fabricant mondial de semi-conducteurs dispose d’un effectif de 1 000 personnes, dont 850 ingénieurs qui se consacrent à la recherche et au développement (R&D). Intel gonfle ses équipes en acquérant des actifs technologiques auprès d’entreprises françaises, comme il vient de le faire en juin 2014 avec Inside Secure, spécialisée dans la technologie NFC.

Les activités de recherche et développement d’Intel sont dispersées un peu partout en France, à Sophia Antipolis, Saclay, Nantes, Montpellier et surtout à Toulouse où est installé son plus important pôle de recherche. Consacré à la recherche pour tablettes, ce dernier pilote notamment le travail d’autres équipes en Finlande, en Chine et en Inde. Les appareils mobiles constituant un axe stratégique prioritaire pour Intel, dont la division consacrée aux objets connectés, au siège de Santa Clara en Californie, est dirigée par le chercheur français Philippe Gaglione. Grâce à un fonds en capital-investissement, le pôle français R&D d’Intel mise également sur des start-up de l’Hexagone.

Numéro 2 mondial des équipements en télécommunications, le chinois Huawei possède des équipes commerciales en France depuis 2003. En septembre 2014, le groupe annonce le recrutement de centaines de chercheurs en Europe. Actuellement de l’ordre de 800 personnes réparties sur dix-sept sites, dans huit pays européens (Allemagne, Belgique, Finlande, France, Italie, Irlande, Royaume-Uni, Suède), l’effectif dévolu à la R&D devrait doubler dans les deux ou trois ans. Au total, 200 chercheurs seront recrutés d’ici à 2016 en France, où Huawei compte ouvrir prochainement des centres de recherche consacrés aux mathématiques appliquées, électronique embarquée, objets connectés et design. Il vient d’inaugurer, en septembre 2014, ses nouvelles installations à Sophia Antipolis qui emploieront une trentaine de chercheurs. Selon François Quentin, président de Huawei France, ce choix se justifie par l’excellence de l’école française de mathématiques. L’équipementier chinois compte s’appuyer sur les compétences de mathématiciens de haut niveau pour créer un processeur de traitement d’images (ISP) qui équipera son prochain smartphone livré en 2015. Ses centres de R&D travailleront notamment avec les laboratoires universitaires. En outre, un fonds de 600 000 euros est prévu pour soutenir des start-up.

Avec plus de 20 millions d’unités vendues en juillet 2014 (+100 % en un an), Huawei occupe aujourd’hui le troisième rang mondial, avec près de 7 % de parts du marché des smartphones. En Europe, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’euros en 2013. Il devrait employer 13 000 personnes d’ici à 2017. La R&D a représenté 13 % de son chiffre d’affaires en 2013.

Sources :

  • « Le géant chinois Huawei va recruter des centaines de chercheurs en Europe », AFP, tv5.org, 12 septembre 2014.
  • « Intel renforce ses effectifs R&D en France », Julien Dupont-Calbo, Les Echos, 12-13 septembre 2014.
  • « Huawei va muscler sa R&D en France », Christiane Navas, Les Echos, 16 septembre 2014.
Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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