Entretenir des relations sociales en ligne est une pratique qui se propage. Aux côtés des premiers conquis, les jeunes et les diplômés, qui restent largement majoritaires, les seniors, ainsi que les catégories sociales modestes, deviennent plus présents et actifs, selon le Crédoc.
En 2014, près d’un Français sur deux (12 ans et plus) est membre d’un réseau social en France, soit 26 millions de personnes et 58 % des internautes. Parmi eux, les seniors (60 ans et plus) sont de plus en plus nombreux : de 5 % de leur classe d’âge en 2009, ils sont passés à plus de 30 % en 2014. Une personne sur quatre ayant entre 60 et 69 ans est inscrite à un réseau social, soit 26 % en 2014 contre 16 % en 2011, selon l’enquête « Conditions de vie et aspirations » du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) de juin 2014.
De même, 48 % des Français à bas revenus sont membres d’un réseau social, contre 41 % des Français à hauts revenus. L’écart est plus significatif encore parmi les internautes : 65 % des bas revenus contre 45 % des hauts revenus. Les employés constituent la catégorie professionnelle la plus représentée (62 %) parmi les membres des réseaux sociaux. « Il est probable que les personnes aux revenus modestes investissent davantage les réseaux sociaux pour compenser une sociabilité que l’on sait un peu plus restreinte dans la vie courante », expliquent les auteurs de l’étude.
S’ils proposent une gamme de services (jeux, informations, partage de photos…), les réseaux sociaux sont surtout utilisés pour maintenir des liens avec « les amis de toujours » (91 % des membres des réseaux sociaux interrogés âgés de 12 ans et plus), avec « les membres de la famille proche » (90 %) et « des personnes qui ont compté » (66 %). Néanmoins, plus du tiers (33 %) des utilisateurs des réseaux sociaux déclarent avoir dans leur cercle de relations en ligne « des personnes jamais rencontrées » et 66 % « des personnes épisodiquement rencontrées ».
Sur cette question, les non-diplômés et les seniors ont un point commun : ils acceptent plus volontiers, comme amis, des personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées. Ainsi, 41 % des personnes sans diplôme déclarent inclure dans leur cercle de relations en ligne des personnes qu’elles ne connaissent pas, contre seulement 34 % pour ceux qui ont le BEPC ; 31 % pour ceux qui ont le baccalauréat et 33 % des titulaires d’un diplôme du supérieur. De même, 41 % des personnes âgées de 60 à 69 ans comptent parmi leurs amis en ligne des personnes qu’elles n’ont jamais rencontrées, contre 34 % des 40-59 ans et des 25-39 ans ; 31 % des 18-24 ans et 23 % des 12-17 ans.
En outre, parmi les individus de 18 ans et plus participant à des réseaux sociaux, on dénombre 43 % de « lecteurs et contributeurs » (sur les réseaux sociaux, les forums, les chats ou les blogs) parmi ceux qui n’ont aucun diplôme, contre seulement 38 % de diplômés du supérieur. Ces derniers se déclarent majoritairement simples lecteurs (54 %) contre 49 % des non-diplômés.
« Disposant d’un tissu de relations traditionnelles denses (amis, relations, engagement associatif, sorties culturelles, etc.), les groupes aisés se montrent plus électifs dans le choix de leurs contacts numériques : ils utilisent davantage les réseaux sociaux pour réactiver et renforcer des liens avec des personnes perdues de vue. Leurs inquiétudes sur l’exposition de la vie privée ne les empêchent cependant pas de se nourrir de tout le contenu disponible sur les médias sociaux : ils en sont d’ailleurs les plus friands », explique le Crédoc.
Enfin, aussi active soit-elle, la sociabilité numérique ne comble pas le sentiment de solitude. Les personnes qui bénéficient de liens affectifs étroits tissés dans la vie réelle, en couple, en famille ou entre amis et qui, par ailleurs, ne sont pas très actives sur les réseaux sociaux, se déclarent moins souvent seules que les utilisateurs assidus des réseaux sociaux. Selon le Crédoc, « les personnes qui se sentent « souvent » seules participent davantage que les autres aux forums de discussion, aux réseaux sociaux, aux chats ou aux blogs : 49 % contre 38 % de celles qui ne se sentent « jamais » seules ».
Source :
- « Seniors et catégories modestes investissent les réseaux sociaux », Régis Bigot, Patricia Croutte, Sandra Hoibian, Jorg Muller, Consommation et modes de vie, n° 278, CRÉDOC, credoc.fr, décembre 2015.