Comme Stockholm, point de liaison internet vers les Pays baltes et la Russie, ou comme Vienne, point de passage des câbles terrestres reliant l’Europe centrale à l’Europe de l’Est, Marseille est aujourd’hui l’une des principales plates-formes de raccordement internet d’Europe et tend à devenir un hub international des data.
Point de raccordement d’une dizaine de liaisons câblées sous-marines vers le continent africain et vers le Moyen-Orient, Marseille va également devenir une porte d’accès internet vers l’Asie. Financé par dix-neuf opérateurs télécoms pour un montant de 1,2 milliard d’euros, le projet baptisé AAE-1 (Asia Africa Europe-1) reliera, grâce à 25 000 kilomètres de fibre optique, la cité phocéenne à Hong Kong avant la fin de l’année 2016. Dans le même temps, le câble SEA-ME-WE 5 (South East Asia-Middle East-Western Europe 5) reliant Toulon à Singapour (voir La rem n°37, p.33) sera lui aussi opérationnel pour les dix-sept opérateurs qui en ont confié la pose à Orange Marine, filiale du groupe Orange.
De nombreux projets de liaisons câblées sous-marines sont rattachés à la ville de Marseille, une vingtaine devrait aboutir d’ici à 2020. Parmi eux, se trouvent notamment celui d’Angola Cables (Brésil, Afrique de l’Ouest), Seacom (Afrique du Sud, Kenya) et WIOCC (Afrique subsaharienne). Les opérateurs de télécommunications ne sont plus les seuls à construire des infrastructures de réseaux câblés (voir La rem n°37, p.33). Les fournisseurs de contenus qui disposent des moyens financiers nécessaires jugent désormais plus rentables d’investir dans les tuyaux, afin notamment d’être autonomes.
L’annonce la plus récente, fin mai 2016, émane des géants américains Microsoft et Facebook : ils sont associés dans un projet baptisé Marea, un câble sous-marin transatlantique assurant une liaison de 6 600 kilomètres à ultra haut débit (160 téraoctets par seconde), entre la côte Est américaine (Virginie) et l’Espagne (Bilbao). Améliorer la connectivité de leurs services – cloud computing pour le premier et réseaux sociaux pour le second – constitue un enjeu crucial. La société Telxius, filiale de l’opérateur espagnol Telefónica, assure l’installation qui a débuté en août 2016 et s’achèvera en octobre 2017. Des interconnexions seront réalisées, notamment via Marseille, vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.
Point d’amarrage des câbles sous-marins, Marseille devient pareillement le lieu d’implantation d’importants data centers, comme en témoignent les récents investissements de la filiale française du groupe Interxion, numéro 1 européen des constructeurs opérateurs de data centers, présent dans une dizaine de pays. L’entreprise, qui compte 1 350 clients et enregistre une croissance continue, a investi 150 millions d’euros dans l’aménagement d’anciens bâtiments consacrés au transport de marchandises au sein de la zone du grand port maritime de Marseille (GPMM), future extension du data center de La Joliette qui héberge les serveurs d’une partie de ses clients français, comme Canal+, Société Générale et Total, portant l’emprise de ses serveurs à 39 000 m2. Ce qui fait dire à son président, Fabrice Coquio, que les opérateurs mondiaux ont ajouté la lettre M comme Marseille aux « FLAP », les quatre villes – Francfort, Londres, Amsterdam et Paris – qui représentent ensemble 80 % du trafic informatique européen.
Sources :
- « Interxion choisit le port de Marseille-Fos pour l’extension de ses capacités data center », DestiMed.fr, 25 avril 2016.
- « Facebook et Microsoft s’allient pour poser un câble sous-marin transatlantique », AFP, tv5monde.com, 30 mai 2016.
- « Marseille, nouveau hub des liaisons câblées sous-marines », Paul Molga, Les Echos, 28 juillet 2016.