Safe.press, blockchain privée pour authentifier des communiqués de presse

Safe.press souhaite devenir « une plateforme d’authentification mutualisée des actualités en ligne reposant sur la technologie blockchain ». Développée par Block Expert, cette start-up française est spécialisée dans le développement de blockchains, Orange est le premier client de la plateforme.

À quelques semaines de la fin de la campagne présidentielle américaine de 2016, un communiqué de presse du Vatican déclare que le Pape soutient Donald Trump. Le 22 novembre 2016, un communiqué de presse de Vinci annonce une révision des comptes financiers du groupe, ainsi que le renvoi de son directeur financier, faisant rapidement plonger le cours de l’action de 19 %, soit l’équivalent de 6 milliards d’euros. Plus récemment, un premier communiqué de presse du ministère algérien de la défense, suivi d’un second de la présidence, annoncent le limogeage du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Tous ces communiqués étaient des faux. Pour lutter contre ces infox, la start-up française Block Expert a lancé une plateforme d’authentification des communiqués de presse reposant sur une blockchain privée, avec pour premier client la société Orange.

Le label Safe.press prend la forme d’un badge vert visible à la fin d’un communiqué, permettant d’accéder à une page html de type https://certificate.safe.press où seront affichés l’auteur, la date, la source et un numéro d’identification. Selon Safe.press, le label serait « construit par un consortium qui forme une communauté de médias réputée au sein d’une organisation fiable et indépendante ». Chaque communiqué de presse publié par une entreprise cliente de Safe.press recevra ainsi une empreinte numérique, sous la forme de ce badge vert, accessible directement sur la page de publication.

La blockchain a été développée sur Hyperledger, projet de blockchain open source lancé en décembre 2015 par la Fondation Linux, soutenu par quelque 200 membres comme Cisco, Intel ou encore SAP, et parmi lesquels IBM est le plus actif. Outil de création de blockchains privées, Hyperledger s’adresse tout particulièrement aux entreprises. Le projet Safe.press espère en attirer de nombreuses, notamment des médias, tout en « évitant d’avoir des acteurs trop polémiques » explique Benjamin Gievis, cofondateur de Block Expert, contacté par l’équipe CheckNews de Libération.

En sélectionnant les clients autorisés à payer pour accéder au service afin d’enregistrer leurs communiqués de presse dans une blockchain privée, le projet Safe.press s’apparente à une base de données distribuée et gérée par un tiers de confiance, contrairement à une blockchain publique qui serait accessible à n’importe quelle entreprise souhaitant faire authentifier un contenu et vérifiable par tout un chacun.

Sources :

  • « Le pape soutient Trump : l’article le plus viral de la fin de campagne américaine était un faux », Robin Panfili, Slate.fr, 17 novembre 2016.
  • « Faux communiqué de Vinci: la justice enquête sur une fraude rocambolesque », AFP, Lepoint.fr, 28 novembre 2016.
  • « Orange lance une plateforme blockchain anti-fake news », Gregory Raymond, Capital.fr, 28 mars 2019.
  • « Le badge « Safe.press » d’Orange, reposant sur la technologie blockchain, sert-il à lutter contre les fake news ? », Jacques Pezet, liberation.fr/checknews, 2 avril 2019.
Docteur en sciences de l’information et de la communication, enseignant à l’Université Paris-Panthéon-Assas, responsable des opérations chez Blockchain for Good

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