Le public du cinéma en salle, fragile exception française

Premier pays producteur en Europe avec plus de 200 films, la France, qui détient également le plus important parc de salles de cinéma avec 6 000 écrans, maintient en 2018 un niveau de fréquentation record. Cependant, à y regarder de plus près, ce sont surtout les spectateurs seniors ou occasionnels qui remplissent les salles de cinéma de l’Hexagone.

Malgré une baisse de la fréquentation (-4 % vs 2017), la France reste à un niveau supérieur à ses voisins de l’Union européenne avec 200 millions d’entrées en salle en 2018, pour la 5e année consécutive, tandis que le Royaume-Uni totalise 177 millions d’entrées (+3,7 %), l’Allemagne 105 millions (-13,9 %), l’Espagne 99 millions (-0,9 %) et l’Italie 93 millions (-7,0 %).

En 2018, les deux tiers des Français âgés de 3 ans et plus (65,3 %) sont allés au moins une fois au cinéma, soit 41 millions de spectateurs, comme l’indique le bilan annuel du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). Ce public se répartit presque à parts égales selon trois tranches d’âge : 33,1 % de moins de 25 ans ; 34,1 % de 25 à 49 ans et 32,8 % de 50 ans et plus. C’est cette dernière catégorie, les spectateurs âgés de plus de 50 ans, qui réalise la majorité des entrées en salle : 44,1 % en 2018, en augmentation de 7,7 % par rapport à 2017 ; tandis que les moins de 25 ans constituent 29,5 % des entrées, -4,8 % par rapport à 2017, et que les 25-49 ans génèrent 26,5 % des entrées en salle, en baisse également, -2,9 % sur un an.

Dans sa grande majorité, le jeune public fréquente les salles de cinéma. En 2018, près de 80 % des moins de 25 ans sont allés au moins une fois au cinéma, mais ce taux de fréquentation accuse une baisse (-3,1 % vs 2017), notamment auprès des 15-24 ans (-1,7 % vs 2017) et plus fortement encore auprès des moins de 14 ans (-4,3 % vs 2017). Du côté des 25-49 ans, la fréquentation du cinéma faiblit également nettement (-5,5 % vs 2017).

Le rythme de fréquentation varie considérablement en fonction des tranches d’âge. Seuls les spectateurs de plus de 50 ans totalisent un nombre moyen d’entrées supérieur à la moyenne qui s’établit à 4,9 entrées par spectateur au cours de l’année 2018, soit 6,6 en 2018. Les spectateurs âgés de plus de 60 ans comptabilisent, quant à eux, 7,5 entrées annuelles.

En 2018, pour la première fois, le seuil de 6 entrées annuelles n’a été atteint ni par les 15-19 ans (3,7 entrées) ni par les 20-24 ans (5,6 entrées). Les 25-49 ans se placent en dessous de la moyenne avec 3,8 entrées dans l’année par spectateur, tandis que les moins de 14 ans se sont rendus 4,2 fois en moyenne dans les salles. Les catégories socioprofessionnelles inférieures (CSP-), quant à elles, sont allées seulement 2,7 fois au cinéma en 2018, représentant seulement 12,7 % des entrées (-7,4 % vs 2017).

Autre tendance de fond : la part des habitués des salles de cinéma rétrécit progressivement pour représenter 31 % des spectateurs en 2018 contre 38 % en 2015 et, parmi eux, le nombre de spectateurs assidus est passé de 5 % en 2015 à 3 % en 2018 et les spectateurs réguliers de 33 % à 28 %.

En rapprochant le critère de nationalité d’un film et la classe d’âge des spectateurs, on constate pour l’année 2018 que le public des films français se compose à 50 % de seniors, attirant, en moyenne, à peine 27 % de moins de 25 ans. A l’inverse, les films américains rassemblent un public jeune : 44 % de leurs spectateurs ont moins de 25 ans, quand l’ensemble des films, toutes nationalités confondues, touche 37 % de ce jeune public.

Rapporté à l’ensemble de la population, le nombre d’entrées au cinéma par habitant décline, passant de 3,26 en 2017 à 3,13 en 2018, sur l’ensemble du territoire national, y compris à Paris qui, avec un peu plus de 10 entrées par habitant (incluant les spectateurs venus de la périphérie), connaît son plus faible indice de fréquentation de la décennie. Au niveau national, le cinéma reste une pratique culturelle parmi les plus abordables : 47 % des billets sont vendus entre 5 et 7 euros et 18 % moins de 5 euros.

Source :

– Bilan 2018 du CNC, n°340, Centre national du cinéma
et de l’image animée, cnc.fr, mai 2019.

Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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