Créée en 1936, cette structure porte le nom du propriétaire, à l’époque, du quotidien britannique The Manchester Guardian, John Scott, fils de C.P. Scott qui en fut le rédacteur en chef de 1872 à 1929, puis le propriétaire à partir de 1907, auteur de la célèbre formule « Comment is free, but facts are sacred ». En 1932, à la mort de son père, suivie de celle de son frère Ted trois mois plus tard, John Scott renonce à la propriété du journal, en prévision des droits de succession qui seraient réclamés à sa mort et qui mettraient inévitablement fin à l’indépendance de l’entreprise de presse. Il cède donc sa participation d’environ un million de livres sterling au Scott Trust, qui devient l’unique propriétaire du Guardian Media Group, avec pour mission de « garantir l’indépendance financière et éditoriale du Guardian à perpétuité et pour préserver la liberté journalistique et les valeurs libérales [de gauche, NDLR] du Guardian à l’abri de toute ingérence commerciale ou politique ». Ses bénéfices sont réinvestis dans le journalisme et ne profitent ni à un propriétaire ni à des actionnaires. En 2008, le Trust est remplacé par The Scott Trust Limited, société à responsabilité limitée, qui offre les mêmes protections au journal. À la tête d’un fonds d’environ un milliard de livres sterling au 31 mars 2019, le Scott Trust Limited gère les actifs du groupe de presse et investit dans des start-up. Il contrôle également la politique commerciale du Guardian et surtout nomme son rédacteur en chef. Il est d’ailleurs rare que le Scott Trust invalide les décisions prises en amont par le conseil d’administration du Guardian Media Group.
Sources :
- « The Scott Trust : values and history », theguardian.com, 26 July 2015.
- « Comment le Scott Trust garantit l’indépendance du « Guardian » », Eric Albert, Le Monde , 29-30 septembre 2019.