Au lendemain de la guerre froide, tandis que les dirigeants des démocraties libérales étaient convaincus que la globalisation de l’information à l’ère du satellite et de l’internet devait nécessairement aboutir à l’effondrement des derniers régimes autoritaires, ces derniers ont perçu l’hégémonie occidentale dans les outils numériques comme une menace existentielle. S’exprimant en 1993 devant des cadres du renseignement, le président chinois Jiang Zemin estime que « le capitalisme cherche en fin de compte à vaincre le socialisme » et qu’à cette fin les États-Unis « mènent une guerre mondiale sans fumée »1.
L’essor mondial rapide des médias sociaux américains, les « révolutions de couleur » et les « révolutions 2.0 » du Printemps arabe ont exacerbé dans les régimes autoritaires la perception de la domination informationnelle occidentale comme un levier de déstabilisation sociale et politique. Que ce soit en Russie, en Iran, en Corée du Nord ou en Chine, les régimes en place redoutent la propagation au sein de leur population du « virus » de la démocratie et des droits humains. À Pékin, en 2013, le « document numéro 9 », une note interne du Parti communiste chinois (PCC), désigne ainsi explicitement les valeurs démocratiques, à commencer par l’État de droit, une société civile indépendante et la liberté d’expression, comme « une grave menace pour l’idéologie du PCC et le régime du parti unique »2.
Or, pour faire face à cette menace, les régimes autoritaires ne se sont pas contentés de prendre des mesures de protection de leur sphère informationnelle et de s’approprier le soft power à travers une diplomatie publique et des médias internationaux en langues étrangères. Tirant profit du caractère ouvert des sociétés occidentales, ils se sont progressivement engagés dans une nouvelle forme de guerre asymétrique que Christopher Walker et Jessica Ludwig ont appelée en 2017 « sharp power »3 : « Au cours de la dernière décennie, écrivent les auteurs, la Chine et la Russie ont dépensé des milliards de dollars pour façonner l’opinion publique et les perceptions dans le monde entier. […] Cette influence autoritaire ne repose pas principalement sur l’attraction ou même la persuasion, mais plutôt sur la distraction et la manipulation. Ces régimes autoritaires ambitieux, qui suppriment systématiquement le pluralisme politique et la liberté d’expression dans leur pays, cherchent de plus en plus à appliquer des principes similaires au niveau international pour garantir leurs intérêts. […] Ce que nous avons compris jusqu’à présent comme le « soft power » autoritaire est mieux catégorisé comme le « sharp power » qui perce, pénètre ou perfore les environnements politiques et d’information dans les pays ciblés. Dans la nouvelle compétition en cours entre les États autocratiques et les États démocratiques, les techniques de « pouvoir tranchant » des régimes répressifs devraient être considérées comme la pointe de leur poignard – ou même comme leur seringue. »4 Autrement dit, les régimes autoritaires ont entrepris, dans une perspective de long terme, de tirer profit de l’ouverture des démocraties libérales pour les affaiblir de l’intérieur et y saper l’idée même de démocratie.
Les autocraties à l’assaut de la liberté des médias occidentaux
La première manifestation du sharp power est l’entreprise de longue haleine visant à saper la liberté des médias dans les régimes démocratiques. Il s’agit, en effet, pour les régimes autoritaires, tant d’y favoriser leur pouvoir discursif, soit la capacité de produire un discours respecté et reconnu et d’influencer les attitudes en manipulant les perceptions, que d’y encourager l’autocensure à l’égard de tout discours critique. À cette fin, les régimes autoritaires disposent d’une large gamme de moyens.
Le premier, et non le moindre pour la Chine et la Russie, est l’effet de levier que constitue l’accès à leur propre marché pour influencer la production de contenus intellectuels dans les pays démocratiques. L’exemple le plus abouti en a été donné par Rupert Murdoch. En avril 1994, il a retiré la BBC de son bouquet satellite Asian Star, très critiquée par le régime communiste chinois : « Nous essayons de nous implanter en Chine, se défend-il, pourquoi devrions-nous les contrarier ?5 »
Murdoch a ensuite bloqué la publication des mémoires de l’ancien gouverneur de Hong Kong, Chris Patten, bête noire des autorités de Pékin. En 1997, Murdoch ordonne à la chaîne de télévision Star de diffuser une série documentaire hagiographique de douze heures sur Deng Xiaoping, produite par la télévision chinoise (CCTV) et par les services de propagande du Parti communiste, et il se sert de ses journaux pour promouvoir le voyage officiel de Jiang Zemin aux États- Unis. Son désir de percer en Chine a même conduit Murdoch à se faire le chantre de l’autoritarisme : « La vérité, a-t-il déclaré, c’est que les régimes autoritaires peuvent fonctionner.6 »
Si les efforts de Murdoch ont été vains, ils ont permis, en revanche, aux autorités chinoises de tirer avantage des quelques joint-ventures concédées au magnat australo-américain pour dupliquer son offre à son insu. Plus récemment, Mark Zuckerberg, désireux de lever l’interdiction de Facebook en Chine imposée en 2009, a fait preuve d’un même zèle prochinois, montrant un jour fièrement à un haut responsable du Parti communiste chinois un livre de Xi Jinping qu’il affirmait avoir lu et donné à ses employés7. En octobre 2015, lors d’un dîner d’État à la Maison Blanche, Mark Zuckerberg a demandé au président chinois en personne de donner à son enfant à naître un nom chinois honorifique, ce que Xi Jinping a poliment refusé, expliquant que « cet honneur impliquerait trop de responsabilités »8.
Peu après, le New York Times révélait que Facebook développait un système de censure « intelligent » avec l’espoir d’obtenir l’autorisation du gouvernement communiste pour se développer sur le marché chinois9. Force est de constater, en outre, que la concentration des médias et des industries du divertissement a renforcé le contrôle de la Chine sur les contenus. Ainsi, les investissements considérables d’Universal et de Disney dans des parcs d’attractions en Chine les rendent enclins à s’assurer que leurs productions dans le secteur des médias comme du divertissement ne soient pas susceptibles d’irriter les autorités chinoises10. Les entreprises de médias qui dépendent de l’accès au marché chinois ne sont pas les meilleurs défenseurs de la liberté d’expression et de la liberté d’informer. La force du sharp power chinois est, en effet, de s’exercer très en amont sur les modes de production et de distribution des contenus, en encourageant une autocensure systémique. Au-delà du cas chinois, force est de constater que le sharp power représente un défi majeur et global pour la liberté des médias dans les régimes démocratiques.
Le deuxième levier est celui de la publicité, à travers notamment le recours à des suppléments payants insérés dans les journaux locaux occidentaux. Dans le jargon du Parti communiste chinois, le recours à des entités locales pour blanchir la propagande étatique est désigné par la formule « emprunter un bateau pour atteindre la mer »11. Le China Daily, tout comme Russia Beyond, le supplément du journal d’État russe Rossiyskaya Gazeta, placent ainsi des encarts dans de nombreux journaux et magazines occidentaux. Les régimes autocratiques n’hésitent pas non plus à faire pression sur les annonceurs publicitaires afin d’affaiblir la couverture critique des journaux occidentaux. Comme la Russie, la Chine fait souvent appel à des intermédiaires pour constituer des réseaux de diffusion de contenus : depuis 2015, un réseau mondial de stations de radio secrètement détenues par China Radio International, un média d’État, diffuse des reportages favorables à Pékin dans une dizaine de pays12. En Afrique du Sud, un écrivain qui avait couvert la répression chinoise des Ouïghours dans le Xinjiang a vu sa rubrique brusquement supprimée après que deux sociétés liées à la Chine ont pris une participation de 20 % dans son média13. Pékin recourt souvent également à des accords de licence ou à des coproductions avec des organismes privés pour rendre moins visible son influence sur les contenus.
Ensuite, les régimes autocratiques recourent au dumping pour conquérir des marchés médiatiques et publicitaires. En Afrique ou dans les Balkans, les autorités russes et chinoises n’hésitent pas à offrir gratuitement aux médias le contenu de leurs médias d’État et de leurs agences pour couper l’herbe sous le pied des agences occidentales, qui font payer leurs services à leurs clients.
Enfin, les régimes autocratiques exploitent les lacunes de l’éthique et de la déontologie journalistique en recourant à des sociétés spécialisées dans les relations publiques et l’influence pour diffuser leurs messages dans des articles d’opinion et des contenus médiatiques sur mesure. Depuis plusieurs années, ils recourent massivement au recrutement d’influenceurs. En août 2021, Shen Haixiong, vice-ministre du département central de la propagande du PCC, déclare qu’il faut diffuser une « propagande invisible » accrocheuse, excitante et irrésistible, en utilisant des « studios multilingues de célébrités sur Internet » capables de « raconter de manière vivante l’histoire du PCC »14.
L’« assaut autoritaire contre le savoir »
Le sharp power ne s’exerce pas seulement à l’encontre de la liberté de la presse, mais il se caractérise plus largement par un « assaut autoritaire contre le savoir », qui vise à influencer la production intellectuelle dans son ensemble pour légitimer les régimes autoritaires en étouffant les critiques et en déformant les récits15. En dehors des médias, les régimes autoritaires ciblent par conséquent les esprits des citoyens occidentaux à travers toutes les institutions productrices de connaissances, qu’il s’agisse des universités, des maisons d’édition, des think-tanks, ou à travers l’industrie du divertissement. Les autocraties ont ainsi instrumentalisé à leur profit l’intensification des pressions financières et concurrentielles pesant sur les universités, les maisons d’édition et le monde de la culture pour y encourager l’auto-censure à leur égard.
L’exemple le plus emblématique de cette autocensure concerne les interventions publiques du Dalaï-Lama. En effet, depuis une dizaine d’années, les institutions qui l’accueillent font l’objet de pressions systématiques de la part des diplomates chinois. En 2016, Sciences Po, par exemple, prévoyait de confier une leçon inaugurale au Dalaï-Lama, avant de faire machine arrière. « Il est clair, commente Robbie Barnett, directeur du programme d’études tibétaines modernes à l’université Columbia, que Sciences Po a cédé aux pressions chinoises, et c’est une triste première pour une université de ce rang. »16
L’année suivante, lorsque le Dalaï-Lama a prononcé une leçon inaugurale à l’université de Californie, sur le campus de San Diego, le régime chinois a riposté en bloquant des fonds destinés à la recherche et en interdisant à des chercheurs financés par ses soins de fréquenter l’université17. Aux États-Unis, en 2018-2019, 35 % des étudiants étrangers étaient originaires de Chine, et leurs frais de scolarité s’élevaient à 15 milliards de dollars18. Lentement, mais sûrement, l’argent des régimes autoritaires corrompt de l’intérieur les libertés académiques, en encourageant de facto la censure ou l’autocensure dans l’enseignement et la recherche. Le sharp power des régimes autoritaires constitue ainsi une menace systémique pour la liberté et l’indépendance de la production intellectuelle dans les démocraties.
De fait, le Parti communiste chinois est d’ores et déjà parvenu à externaliser sa censure au sein d’institutions occidentales faisant partie intégrante des économies ouvertes de la connaissance. Quatre grandes universités britanniques ont accepté les contraintes de la censure chinoise afin de proposer des cours en ligne aux étudiants de la République populaire de Chine dans le cadre d’un projet pilote avec Alibaba Cloud19. En 2017, Cambridge University Press (CUP) a créé une version aseptisée du magazine China Quarterly, édité au Royaume-Uni, lorsque, à la demande de son distributeur en Chine, CUP a discrètement supprimé environ 315 articles et critiques de livres des archives en ligne qu’il propose aux utilisateurs dans ce pays. À bas bruit, le parti-État chinois fait ainsi disparaître des bases de données scientifiques quantité d’articles gênants : « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé », écrivait Orwell.
Parce qu’elle s’est emparée du marché de l’impression de livres en couleurs de haute qualité, la République populaire de Chine parvient même à contrôler le contenu d’ouvrages écrits par des auteurs étrangers dans des langues étrangères et destinés à des marchés étrangers. La loi chinoise exigeant, depuis 2018, que toutes les cartes imprimées en Chine soient soumises à un contrôle gouvernemental, faute de solution alternative à un prix convenable, un éditeur australien a été contraint d’abandonner un atlas pour enfants destiné à son marché national lorsque les censeurs se sont opposés à la désignation du Tibet et de Taïwan20.
L’autoritarisme augmenté par la technologie
Le Parti communiste chinois emploie le concept de « gestion sociale » pour désigner sa tentative de « façonner, gérer et contrôler la société et les membres du parti en utilisant une combinaison de moyens coopératifs et coercitifs »21. Depuis que le régime communiste a placé sous son autorité de fait les entreprises chinoises de technologie présentes sur les marchés mondiaux, il s’emploie à appliquer ce concept de « gestion sociale » à l’échelle planétaire en alignant la technologie sur ses valeurs et en promouvant un modèle de surveillance technologique au nom de la « sécurité de l’État ».
À ce jour, les gouvernements de plus de 80 pays ont acquis des systèmes de surveillance et de reconnaissance faciale fabriqués en Chine, alors même que le Parti communiste chinois est soupçonné de pouvoir accéder aux données22. Dans plusieurs pays en développement, les autorités chinoises forment des fonctionnaires à la censure de l’internet, au contrôle de la société civile et à la mise en place d’un régime à parti unique23. À défaut d’être parvenu à ce jour à remodeler par le haut la gouvernance mondiale des nouvelles technologies à son profit, Pékin impose ainsi par le bas, par le seul jeu du marché, ses normes technologiques, conçues pour faciliter l’accomplissement des objectifs stratégiques du parti-État chinois. Au « code is law » (le code fait la loi) de Lawrence Lessig se superpose le « market is law » (le marché fait la loi) des entreprises chinoises exportatrices de technologies de surveillance.
La technologie a rendu le monde plus plat et les frontières plus poreuses pour les régimes autoritaires, qui disposent de nouveaux outils leur permettant d’intensifier la « répression transnationale » à l’encontre de leurs dissidents et, à l’avenir, d’appliquer la même démarche répressive à l’encontre des citoyens critiques des régimes démocratiques. Plus s’accroît la dépendance des diffuseurs occidentaux à l’égard des plateformes numériques chinoises comme Tiktok ou WeChat pour toucher le grand public, à commencer par les jeunes, et plus grand devient le risque du Parti communiste de devenir à travers elles le « gardien » (gatekeeper) de l’information dans les régimes démocratiques.
Les nouvelles technologies, qu’elles soient chinoises ou occidentales, ont permis également aux régimes russe et iranien de projeter au-delà de leurs frontières leurs préoccupations sécuritaires. La « technologie politique », qui désigne en Russie l’ingénierie professionnelle de la politique, n’est plus confinée au monde russe et devient « une industrie mondiale de vente en gros d’un éventail de techniques de manipulation » au service de régimes illibéraux, comme celui de Viktor Orbàn en Hongrie24. Les « polit-technologues » russes et leurs homologues chinois s’appuient sur les plateformes numériques pour exploiter à l’échelle planétaire les possibilités de manipulation de l’information offertes par les progrès du data mining, de l’intelligence artificielle, ainsi que des sciences cognitives et comportementales. À elle seule, la société chinoise Global Tone Communications Technology, contrôlée par le département central de la propagande de la République populaire de Chine, recueille dans le monde entier et dans plus de 65 langues entre deux et trois pétaoctets de données par an, soit l’équivalent d’environ 20 milliards de photos sur Facebook, dans le but notamment de développer des outils de reconnaissance faciale et d’IA générative, notamment pour des deepfakes25.
Les démocraties face au défi du sharp power
Les démocraties ont tardé – et parfois tardent encore – à prendre conscience de la menace que représente le sharp power. Toutefois, l’Australie et Taïwan, pays confrontés à une intensification des ingérences chinoises depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, ont su faire face au défi du sharp power sans renier leurs valeurs ni leurs principes.
Taïwan fait face, depuis 2018, à des efforts intenses du régime chinois pour pénétrer et saper son modèle démocratique, parce que ce dernier est en soi un vibrant démenti des récits de Pékin selon lesquels la démocratie libérale serait un produit purement occidental inadapté à la culture asiatique. Or, l’engagement de sa société civile à défendre la démocratie s’y est traduit notamment par la création de deux organisations vouées à dévoiler et à contrer les ingérences du PCC, le Double Think Lab et le Taïwan Information Environment Research Center (IORG), qui ont fortement contribué à renforcer la résilience de la société taïwanaise. En 2020 comme en 2024, les ingérences chinoises dans le processus électoral ont été mises en échec.
L’Australie fait face également depuis une dizaine d’années à une intensification des ingérences du PCC, qui considère les libertés civiles dont bénéficient les Sino-Australiens comme une menace existentielle pour sa mainmise sur la société chinoise. En 2017, le Premier ministre Malcolm Turnbull déclare au Parlement que la société civile avait joué un rôle important en révélant que « le Parti communiste chinois s’efforçait d’interférer secrètement avec nos médias, nos universités et même les décisions des représentants élus »26. Depuis, le Parlement australien a adopté une série de lois contre l’ingérence étrangère, contraignant notamment toute personne physique ou morale représentant des intérêts étrangers, y compris les lobbies et les think tanks, à se déclarer.
La transparence, en effet, est l’arme la plus efficace contre le sharp power, parce qu’elle rend visible des opérations dont le succès repose souvent sur l’opacité et le secret. L’exposition et la dénonciation des opérations d’ingérences et de manipulation de l’information sont indispensables à une plus grande prise de conscience de la part de la société. Face à la « capture de l’État », ce processus par lequel des intérêts privés liés à des régimes autoritaires exploitent des vulnérabilités critiques dans les systèmes de gouvernance en privatisant les fonctions publiques afin d’en tirer des avantages indus, il est indispensable de renforcer la lutte contre la corruption27. Face à la capture des élites, qui voit des puissances étrangères « capturer » des dirigeants ou anciens dirigeants locaux pour influencer leurs attitudes et leurs actions, il est nécessaire de renforcer le contrôle des carrières professionnelles d’anciens hauts responsables politiques ou administratifs au sein de sociétés étrangères. L’expérience de ces deux dernières décennies montre que le sharp power rencontre des obstacles dans les sociétés libres et transparentes dotées d’un cadre réglementaire solide.
Face à des formes d’influences sophistiquées, multi-dimensionnelles et corrosives se manifestant à l’échelle globale, les démocraties ont tout intérêt à se doter d’une stratégie globale et coordonnée, associant aux efforts publics ceux de la société civile et du secteur privé (whole-of-society approach), et reposant sur la défense et sur la promotion de leur régime de libertés, à commencer par la liberté d’expression, dont l’affaiblissement est un objectif prioritaire des autocraties. Bien entendu, cela suppose également de renforcer l’intégrité des espaces informationnels, en soutenant des médias libres indépendants et diversifiés en tant qu’élément essentiel des sociétés ouvertes et démocratiques, en encourageant l’adoption de normes technologiques transparentes et responsables, et en intégrant des critères portant sur les ingérences étrangères dans les dispositifs de certification des médias de qualité. Enfin, toutes les structures exposées au sharp power, à commencer par les médias, les think tanks et les universités, devraient se doter de règles d’évaluation et de gestion des risques liés à des financements émanant de régimes autoritaires. Face au « pouvoir tranchant », l’heure est donc à ce que Christopher Walker appelle la « contre-mobilisation démocratique » 28.
Sources :
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- « Document 9 : A ChinaFile Translation », chinafile.com, November 8, 2013.
- Walker Christopher, Ludwig Jessica, « From « Soft Power » to « Sharp Power »: Rising Authoritarian Influence in the Democratic World », in Sharp Power: Rising Authoritarian Influence, Washington, D.C., National Endowment for Democracy, 2017, p. 6.
- Ibid.
- La Monica Paul R., Inside Rupert’s Brain, New York, Penguin, 2009, p. 103.
- Al Franken, Lies and the Lying Liars who Tell Them: A Fair and Balanced Look at the Right, New York, Plume, 2004, p. 64.
- Chafkin Max, The Contrarian, New York, Penguin, 2021, p. 299.
- Eleftheriou-Smith Loulla-Mae, « China’s President Xi Jinping ‘turns down Mark Zuckerberg’s request to name his unborn child’ at White House dinner », The Independent, October 4, 2015.
- Isaac Mike, « Facebook Said to Create Censorship Tool to Get Back into China », New York Times, November 22, 2016.
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- Hála Martin, « Transparency Wins in Europe », in Defending Democracy in an Age of Sharp Power, cit., p. 126.
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- Tiffert Glenn, « The Authoritarian Assault on Knowledge », in Defending Democracy in an Age of Sharp Power, cit., p. 19.,
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