En février 2013, un moteur de recherche annoncé « 100 % français » a été lancé en quinze langues et dans 35 pays. Deux années de développement ont été nécessaires à la mise en œuvre de Qwant par Jean-Manuel Rozan, spécialiste des marchés financiers, Eric Leandri, spécialiste de la sécurité informatique et la société Pertimm, qui commercialise des moteurs de recherche pour les entreprises (Auchan, Pages-Jaunes, Meetic…).
Selon Eric Leandri, « Google est le meilleur moteur de recherche du monde quand vous savez déjà ce que vous voulez trouver. Qwant est un moteur de découverte, vous y trouvez des choses nouvelles ». Ainsi, l’originalité du moteur de recherche Qwant tient à sa capacité d’aller chercher des réponses sur le Web, mais également sur les réseaux sociaux. Sur une page unique, il en propose une répartition en cinq rubriques : Web, Live (actualité), Qnowledge Graph (Wikipedia), Social (réseaux sociaux) et Shopping (e-commerce). Des onglets permettent de faire varier la présentation de la page : « Classique » affiche les résultats des cinq rubriques en colonnes, ainsi qu’une frise en haut de la page pour les photos et les vidéos ; « Mosaïque » présente tous les résultats sur une même page ; « Média » est réservé aux contenus multimédias ; enfin, « People » propose des occurrences sur les réseaux sociaux. Contrairement à Google, Qwant fait donc la part belle aux réseaux sociaux, avec la rubrique « Social » et l’onglet « People ». En outre, il est possible d’affiner la recherche dans chacune des rubriques. Lors de son lancement, le site recensait environ 150 000 visiteurs.
Alors que la presse annonçait la naissance d’un moteur de recherche français, une semaine plus tard, Qwant faisait l’objet de vives critiques. En réalité, la plupart des résultats proposés ne seraient pas issus de technologies « maison » mais de partenariats commerciaux avec d’autres acteurs internet. Le moteur de recherche « made in France » s’apparenterait plutôt à un méta-moteur et relèverait d’une opération réussie de promotion de la société qui l’a lancé, selon le blogueur au pseudonyme de Lucien Théodore qui a mené l’enquête. Les rubriques « Web » et « Live » seraient alimentées par le moteur de recherche Bing de Microsoft ; la rubrique « Social » dépendrait du moteur de recherche en temps réel Kurrently ; les résultats fournis par la rubrique « Shopping » proviendraient de l’interface d’affiliation d’Amazon et ceux de la rubrique « Qnowledge » de l’encyclopédie en ligne Wikipedia. Les fournisseurs du moteur « français » Qwant, en réalité, seraient donc tous américains. En l’occurrence, Microsoft loue en général son service Bing environ 5 000 dollars par mois pour 2,5 millions de requêtes et la licence de Kurrently est vendue 1 000 dollars.
Les fondateurs de Qwant, qui déclarent avoir investi plusieurs millions d’euros, ont menacé de déposer une plainte. Ils reconnaissent toutefois l’existence de partenariats afin de compléter la collecte de données effectuée par leur propre système d’indexation, issu de la technologie de leur cofondateur Pertimm. Les dirigeants de Qwant font état de leur volonté de faire évoluer rapidement la version bêta actuelle grâce aux outils qu’ils développent eux-mêmes.
Passée la phase de mise en route, la société Qwant compte financer son activité par la publicité et l’affiliation avec les sites de commerce électronique, ainsi que par la vente aux entreprises des outils informatiques créés pour le développement de son moteur de recherche. La société s’est engagée à respecter les recommandations de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) concernant le traitement des données personnelles. Ne pas enregistrer les données liées à la navigation des internautes est l’option choisie par le récent moteur de recherche américain DuckDuckGo qui connaît une notoriété grandissante et totalise 50 millions de requêtes par mois.
Trouver la faille pour se lancer sur un marché où les habitudes des utilisateurs sont déjà parfaitement ancrées, Google détenant largement plus de 90 % du marché dans les principaux pays européens, se révèle être plus qu’un défi.
Sources :
- qwant.com
- « Qwant : un concurrent de Google « made in France » », Guillaume Champeau, numerama.com, 14 février 2013.
- « Le moteur de recherche français Qwant réussit son lancement », Benjamin Ferran, Le Figaro, 18 février 2013.
- « Qwant, le moteur de recherche 100 % français, déçoit », Alain Clapaud, 01net.com, 18 février 2013.
- « Polémique sur Qwant, le nouveau moteur de recherche français « révolutionnaire » », Delphine Cuny, latribune.fr, 18 février 2013.
- « Qwant n’est pas un moteur de recherche, mais une interface », Guillaume Champeau, numerama.com, 19 février 2013