Cinéma européen : « 21 % des réalisateurs sont des réalisatrices »

Une étude menée en 2019 par l’Observatoire européen de l’audiovisuel (OEA) chiffre la disproportion éclatante entre les femmes et les hommes dans l’exercice de la profession de réalisateur de longs métrages.

Près de 3 000 réalisatrices ont fait au moins un film européen de long métrage entre 2003 et 2017, elles représentent 1/5e de l’effectif total des réalisateurs de longs métrages. Près de la moitié d’entre elles ont réalisé un seul film, contre 40 % des réalisateurs, et 30 % d’entre elles ont fait plus de deux films, contre 39 % des réalisateurs.

La part des films réalisés par des femmes est modes­tement passée de 15 % en 2003 à 19 % en 2017. Les femmes réalisent majoritairement des œuvres de fiction – 65 % de leurs longs métrages –, mais cette augmentation, très limitée, est surtout due, selon l’OEA, à la place acquise par les réalisatrices dans la création de documentaires, dont seulement 16 % étaient réalisés par celles-ci en 2003 alors que ce chiffre atteint 42 % en 2017.

Par le nombre de films réalisés par des femmes, la France se place en tête des pays européens, avec 307 films entre 2003 et 2017 tandis que c’est aux Pays-Bas que la part relative des films réalisés par des femmes est la plus importante (33 %), suivi de la Suède et de la Lettonie (31 %), puis de la Norvège et de l’Autriche (29 %).

Si la part des films réalisés par des femmes a augmenté, le faible taux de fréquentation de ces films reste stable, note l’OEA. Sur la période étudiée (2003-2017), les films réalisés par des femmes – 17 % du total – ne représentent que 8 % des entrées en salle des films européens. Selon l’OEA, « ce décalage pourrait s’expliquer par le fait que les réalisatrices se voient confier des projets de films à moindre budget que leurs collègues hommes. En outre, on constate une forte concentration des entrées en salle, avec un nombre limité de films à gros budgets à l’origine de la majorité des entrées et générant les revenus les plus importants ».

* Sur un échantillon de 21 054 longs métrages européens, soit produits et financés en majorité dans l’un des pays membres de l’Observatoire européen de l’audiovisuel (à l’exclusion du Maroc), entre 2003 et 2017, et ayant fait l’objet d’une sortie en salle dans au moins un pays européen (36 marchés constituant la base de données LUMIERE de l’OEA) entre 2003 et 2018.

Source :

  • « L’égalité entre hommes et femmes dans la réalisation de films : un long chemin reste à parcourir », Annuaire 2019/2020, Tendances clés, Observatoire européen de l’audiovisuel, obs.coe.int, 2020.

 

 

Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

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