Bien loin des nuages, au fond des océans, 1,3 million de kilomètres de câbles sous-marins de télécommunications constituent l’épine dorsale des communications électroniques mondiales. Selon Tim Stronge, vice-président du centre de recherche Telegeography, « environ 99 % des communications intercontinentales sont assurées par quelque 430 câbles sous-marins ». Jusqu’alors essentiellement propriété des opérateurs de télécommunications, un deuxième câble sous-marin détenu en propre par Google va être inauguré en France.
Le TAT-1 (Transatlantic Telephone Cable System) a été le premier câble sous-marin téléphonique, mis en service entre l’Écosse et le Canada en septembre 1956. Il faudra attendre 1988, avec le TAT-8, pour voir apparaître le premier câble sous-marin numérique constitué de paires de fibres optiques reliant la France et le Royaume-Uni aux États-Unis. Le câble transatlantique le plus récemment posé en France, le TAT-14, date de 2001 et relie les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark avec la côte est des États-Unis. Prévu pour le troisième trimestre 2020, le câble transatlantique Dunant, nommé en hommage à Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, reliera Virginia Beach, sur la côte est des États-Unis, et Saint-Hilaire-de-Riez, une commune proche des Sables-d’Olonne, en France.
Si encore récemment les câbles sous-marins étaient essentiellement financés par des consortiums d’opérateurs de télécommunications, le câble Dunant est entièrement détenu par Google. En septembre 2017, le câble sous-marin Marea (qui signifie « marée » en espagnol) relie, à travers huit paires de fibres optiques, Bilbao en Espagne et Virginia Beach aux États-Unis, avec un débit maximal de 160 Tbit/s. Il a été financé pour moitié par Telxius, filiale de l’opérateur de télécommunications espagnol Telefónica et pour l’autre moitié par Microsoft et Facebook. En novembre 2019, Google avait déjà inauguré son premier grand câble sous-marin, en détenant l’entière propriété, entre les États-Unis et le Chili. Si les fournisseurs de contenus et d’applications cherchent à raccourcir la distance qui les sépare du terminal des utilisateurs (voir La rem n°53, p.23), ils avancent également leurs pions au cœur même de l’infrastructure mondiale du réseau internet.
Le câble Dunant, dont la vitesse de transmission moyenne atteindra 250 Tbit/s, répartie en douze paires de fibres optiques d’un débit maximum de 30 Tbit/s chacune, sera le câble sous-marin le plus puissant au monde et concentrera à lui seul « les trois quarts de la capacité disponible sur le réseau subatlantique » explique Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux chez Orange, l’opérateur de télécommunications avec lequel s’est associé Google pour sa mise en service.
Orange disposera en effet de deux paires de fibres optiques sur le câble Dunant et participera activement au raccordement sur le territoire national. L’opérateur de télécommunications a entièrement réhabilité la station d’atterrissement de Saint-Hilaire-de-Riez, construite en 1965, pour accueillir plusieurs câbles transatlantiques en provenance des États-Unis ; le dernier ayant été utilisé jusqu’en 2016. Orange s’est également associé à l’espagnol Telxius qui disposera d’une paire de fibres optiques sur le câble Dunant et qui donnera accès à l’opérateur français aux liaisons en fibre optique qu’il détient aux États-Unis.
Les câbles sous-marins sont à la fois l’épine dorsale de l’internet et la clé de voûte des capacités de surveillance de l’agence de sécurité américaine, la NSA, ainsi que du service de renseignement électronique du gouvernement du Royaume-Uni, le GHQ, comme de leurs partenaires. En 2012, Edward Snowden révélait comment la NSA avait ciblé quelque 200 câbles sous-marins afin de procéder à une surveillance massive des communications électroniques dans le monde. Si l’accointance entre les opérateurs de télécommunications et les services de renseignement de leurs pays respectifs est bien connue, l’apparition de nouveaux acteurs privés comme Google ou encore Facebook et Microsoft renforce la mainmise américaine sur l’infrastructure technique de l’internet dont 80 % des flux de données passent déjà par les États-Unis.
Sources :
- Câble Marea, fr.wikipedia.org/wiki/Marea_ (câble).
- « Les câbles sous-marins, clé de voûte de la cybersurveillance », Maxime Vaudano, lemonde.fr, 23 août 2013.
- « Les câbles sous-marins, autoroutes vitales de l’Internet mondial », Pierre Manière, latribune.fr, 24 novembre 2017.
- « Le Dessous des cartes – Câbles sous-marins : la guerre invisible », Pierre-Olivier François, arte.tv/fr, 2018.
- « Comment Dunant, le câble Internet sous-marin de Google, va accélérer le Web français », Marine Benoit, sciencesetavenir.fr, 27 juin 2019.
- « Câbles sous-marins : Orange et Telxius s’associent » Pierre Manière, latribune.fr, 18 février 2020.
- « Orange annonce l’atterrissement du câble sous-marin Dunant en Vendée », communiqué de presse Orange, orange.com/fr, 13 mars 2020.
- « L’ultra-puissant câble sous-marin Dunant est arrivé en Vendée », Pierre Manière, latribune.fr, 13 mars 2020.
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