Le groupe Google diversifie ses activités tous azimuts. Initialement spécialisé dans la recherche sur Internet, Google occupe désormais une position dominante sur le marché de la publicité en ligne, grâce notamment à son rachat de la régie Internet Doubleclick en avril 2007. Soucieux d’être présent sur tous les terrains, Google se lance dans l’encyclopédie en ligne jusqu’ici synonyme de Wikipédia.
Créée aux Etats-Unis en 2001 par Jimmy Wales, l’encyclopédie libre et « participative » se classe désormais parmi les dix sites les plus visités au monde. Diffusée dans plus de 200 langues, Wikipédia compte déjà près de 9 millions d’entrées sur d’innombrables sujets, dont plus de 2 millions dans la version anglophone, 673 000 dans la version germanophone et plus de 570 000 dans la version française. Wikipédia a porté un coup très dur aux encyclopédies classiques, ses deux principaux atouts étant sa gratuité et sa forte réactivité à l’actualité.
Selon le principe collaboratif, chacun est libre d’apporter sa contribution à cette encyclopédie universelle d’un nouveau genre. Malgré l’existence d’un système de contrôle, l’encyclopédie Wikipédia laisse publier cependant de nombreuses erreurs, commises de façon involontaire par ses auteurs ou émanant d’actes de vandalisme. En décembre 2007, l’hebdomadaire allemand d’information Stern publiait néanmoins les conclusions d’une étude comparative sur la fiabilité de Wikipédia Allemagne et la version en ligne (payante) de la célèbre encyclopédie Brockhaus : sur 50 articles pris au hasard, les entrées de Wikipédia ont été mieux notées que celles de Brockhaus. Une autre enquête de la revue Nature avait constaté un taux d’erreur équivalent à celui de l’encyclopédie Britannica. Il n’en reste pas moins que c’est la pierre d’achoppement du système Wiki : son manque de fiabilité lui vaut de nombreux détracteurs, notamment dans le milieu académique. La concurrence lui sera- t-elle salutaire ?
En décembre 2007, le géant Google a en effet annoncé la création de Knol, contraction de knowledge.
Cette encyclopédie en ligne de Google sera élaborée différemment de sa concurrente, puisque chaque article sera signé par son auteur. Il pourra y avoir plusieurs articles publiés sur un même sujet. L’intervention des internautes sera limitée à l’ajout de commentaires ou de contenus complémentaires, des références et des photos. Selon Google, le projet repose sur la volonté de « mettre en lumière les auteurs », afin d’apporter plus de crédibilité aux écrits. Google ne contrôlera pas les contenus dont la responsabilité incombera à leur auteur. Néanmoins, une autre différence essentielle entre Knol et Wikipédia réside dans le recours à la publicité. C’est à l’auteur lui-même que reviendra la décision d’intégrer ou non des liens publicitaires aux pages qu’il aura publiées ; Google lui reversera, le cas échéant, une partie des gains commerciaux. Les articles de l’encyclopédie Google pourront être librement indexés par les autres moteurs de recherche.
La concurrence servira-t-elle l’émulation ? Lors d’un colloque à la Cité des sciences à Paris en décembre 2007, la fondation Wikimédia a annoncé, parmi d’autres choses, l’établissement d’un processus de certifications des articles les plus fiables par des experts. Début janvier 2008, une autre bataille de géants s’engage. Jimmy Wales a lancé une version expérimentale de son moteur de recherche Wikia Search. A suivre…
Sources :
- « Wikipédia veut se racheter une conduite », Frédérique Roussel, Libération, 19 octobre 2007.
- « Wikipédia jugée meilleure en Allemagne qu’une encyclopédie classique », AFP in tv5.org, 5 décembre 2007.
- « Google lance une encyclopédie en ligne, avec publicité », AFP in tv5.org, 14 décembre 2007.
- « Google défie Wikipédia avec Knol », Matin Plus, 21 décembre 2007.