Quaero, les résultats de cinq années de recherche

Conçu en 2005 et mis en œuvre trois ans plus tard, en 2008 (voir REM n°6-7, p.21), avec pour objectif la création d’un moteur de recherche franco-allemand capable de concurrencer l’américain Google, le programme de recherche et de développement européen Quaero est finalement devenu exclusivement français, après que ses partenaires allemands – Bertelsmann, SAP, Deutsche Telekom – se sont désengagés. En mars 2013, alors que le projet arrive à son terme, ses acteurs, au nombre d’une trentaine, parmi lesquels les industriels – Orange, Technicolor et Jouve –, les PME – A2iA, Easy Life Mobile, Itesoft, Movea et Systran – et les laboratoires publics – CNRS (LIMSI*), RWTH** et INRIA –, ont présenté les résultats de leurs travaux. Consacré à l’indexation des contenus multimédias et multilingues, Quaero aura bénéficié d’un budget de près de 200 millions d’euros, apporté à parité par le secteur public et le secteur privé, dont une partie sous la forme d’avances remboursables.

En cinq ans, 700 articles scientifiques ont été publiés et 31 brevets ont été déposés. A ce jour, certaines technologies sont opérationnelles, parmi lesquelles figurent :

SystranLinks, spécialiste de la traduction multilingue et de la mise en ligne de sites web, qui est déjà commercialisé ;

la plate-forme de conversion d’ouvrages en ebook de Jouve, notamment utilisée par la BNF, qui assure au groupe une place de leader sur ce marché en Europe et aux Etats-Unis ;

CloudView d’Exalead (racheté par Dassault Systèmes), outil d’indexation et d’annotation des contenus multimédias, ayant notamment donné naissance à Voxalead News, moteur de recherche sur les sites des chaînes d’information, qui combine la reconnaissance de la parole et l’indexation du texte, en neuf langues;

et, commercialisé dans le monde entier, Vocapia, qui transcrit la parole en texte (téléconférence, sous-titrage) en dix-sept langues.

D’autres innovations sont encore au stade de prototype ou en cours d’exploitation, comme la TV sociale PVAA++ de Technicolor choisie par un projet grand public américain, ou encore Media-Centric de Bertin Technologies, plate-forme de veille actuellement testée par le ministère de la défense et permettant la collecte automatique ainsi que l’exploitation de contenus multimédias et multilingues.

Organisé selon un modèle d’évaluation des travaux de recherche, venu des Etats-Unis, s’appuyant sur des « compétitions » entre les différentes équipes, « Quaero a été une occasion unique de travailler avec les meilleurs chercheurs français », explique Laure Reinhart, directrice générale déléguée de l’OSEO (organisme public d’aide à l’innovation qui a contribué au financement du programme). Elle ajoute que « ce ne sera peut-être pas LA rupture qu’on attendait mais de multiples ruptures. Le véritable impact de ce programme ne pourra être pleinement mesuré qu’après quelques années d’exploitation ». Le plus dur reste à faire, la mise sur le marché constituant un parcours long et difficile. Responsable R&D chez Technicolor, Pieter van der Linden espère, quant à lui, que « l’esprit collaboratif » va perdurer au-delà de Quaero dont il était le coordinateur, et permettra de travailler à une suite du programme, consacrée peut-être au mobile, au cloud computing ou au Big data.

* Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences
** Université technologique d’Aix-La-Chapelle

Sources :

  • qaero.org
  • « Pourquoi Quaero n’a pas créé le « Google européen » », Delphine Cuny, latribune.fr, 29 mars 2013.
  • « Le projet européen Quaero doit encore transformer l’essai », Frank Niedercorn, Les Echos, 29-30 mars 2013.
  • « Informatique : Quaero à l’heure du bilan », David Larousserie, Science & Techno, lemonde.fr, 2 avril 2013.
  • « Quaero : des projets sur les rails mais un avenir incertain », Olivier Chicheportiche, zdnet.fr, 16 avril 2013.
Ingénieur d’études à l’Université Paris 2 - IREC (Institut de recherche et d’études sur la communication)

1 COMMENTAIRE

  1. Vouloir concurrencer Google, voilà qui est ambitieux ! Quand bien même le moteur de recherche serait de qualité, il faudrait encore expliquer aux gens ce qu’ils vont gagner à l’utiliser et à changer leurs habitudes, bien ancrées dans leur quotidien.

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